Houria, « liberté » en arabe, est l’histoire d’une jeune danseuse classique. Femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit. Ce rôle principal est interprété par la talentueuse comédienne, Lyna Khoudri.

Un soir, après avoir remporté une grosse somme d’argent, elle subit une agression qui va lui causer une double fracture de la cheville et rendre mutique. Ses rêves de ballerine s’envolent et la jeune femme va devoir se reconstruire physiquement et mentalement.

Une reconstruction menée avec l’aide d’une communauté de femmes muettes, victimes, elles aussi, d’autres traumatismes.

L’art a une place primordiale dans le film, Houria s’ouvre avec une superbe scène de danse de l’héroïne sur une terrasse face à la Méditerranée. La cinéaste prend le parti de filmer au plus près ces scènes et les corps pour donner davantage d’intensité à cette histoire. La danse va également permettre à Houria de trouver une nouvelle manière d’exercer son art grâce à l’apprentissage de la langue des signes.

Papicha, 20 ans après

Les similitudes entre Houria et Papicha, son premier film lauréat de deux César en 2020, sont présentes. Un fait assumé par la réalisatrice « c’est une continuité de Papicha mais vingt ans plus tard. » Cette fois, la décennie noire est terminée, mais les Algériens et les Algériennes vivent encore avec les séquelles de cette tragédie. À l’image d’Halima (interprétée par l’actrice Nadia Kaci) qui souffre toujours de la perte de ses enfants tués dans un attentat dans les années 90, ou encore la figure d’Ali, le terroriste amnistié.

Une référence à la Concorde civile, un projet de loi proposé par l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika en 1999, visant à réintégrer dans la vie civile des terroristes qui ont manifesté leur volonté de renoncer à la violence armée. Près de 5 000 extrémistes étaient concernés.

Le cinéma doit vous bousculer, vous faire réagir, c’est ce cinéma qui m’intéresse

Malgré la force du récit et le talent des actrices, l’accumulation de thématiques abordées dessert l’œuvre. Un grand nombre de sujets évoqués en surface qui peut frustrer le spectateur. Il est question des envies de départ des jeunes Algériens pour l’Europe, du chômage des jeunes, des stigmates de la décennie noire, de l’émancipation des femmes, ou encore la passivité de la police algérienne.

« Je viens du documentaire et pour moi le cinéma doit vous bousculer, vous faire réagir, c’est ce cinéma qui m’intéresse. Celui qui vous énerve, provoque des débats », affirme Mounia Meddour. Houria est à n’en pas douter un film qui va faire réagir. À travers la figure de cette danseuse meurtrie, on peut y voir une métaphore de l’Algérie, blessée mais toujours debout.

Aïssata Soumaré

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