- Lieu : le quartier de la Butte-Rouge raconté par… une habitante de Châtenay-Malabry
« J’ai grandi ici, à la Butte-Rouge. 74 hectares dans la banlieue au sud de Paris. C’est l’une des cités-jardins construites à partir de 1931. Petite, j’étais entourée d’arbres centenaires, de vastes pelouses verdoyantes et de petits bâtiments de trois ou quatre étages en crépi rose. Un paysage qui sortait mon imaginaire du brouillard.
Ma cité est tellement grande qu’on la divise en quatre quartiers distincts. Près de 10 000 personnes vivent ici, c’est un tiers de la ville. Elle compte trois écoles maternelles, deux primaires et deux collèges. Il y a aussi un Lidl et un Intermarché, des petits commerces et même un ciné. Une ville en soi, en fait. Ça n’est pas ce que la plupart des bouffons pétés de thune s’attendent à voir quand ils imaginent une « cité HLM ».
On est coupé des « gens du bas », du quartier riche, du centre. C’est comme si Châtenay-Malabry était divisé en deux. Mais bon. C’est beau, c’est grand, il y a des jardins. Les logements sont riches de souvenirs. Comme le mien.
Récemment, on a appris que la cité de la Butte-Rouge faisait l’objet d’un plan de restructuration urbaine lié au Grand Paris. Au nom de la mixité sociale, le maire veut détruire une grande partie de la Butte : un tiers des logements resteront des PLAI, des logements sociaux adaptés aux ressources des habitants d’ici, un autre tiers sera constitué de logements sociaux intermédiaires, le dernier est destiné à l’accession à la propriété. Sauf qu’on n’a clairement pas la thune d’être propriétaire, je pense que ça va de soi. Ça veut dire quoi pour nous du coup ? Qu’ils vont nous reloger ? Que ça va devenir le Grand Paris ? Peut-être que c’est un endroit trop beau pour des gens comme nous.
Une petite révolte s’est mise en place ici, ma mère en fait partie. Des habitants se sont associés au DAL afin de « légitimer » leurs actions. Le maire, lui, joue sur le manque de communication et le désintérêt supposé des gens du quartier.
Voilà. Je ne sais pas trop si ce texte va servir à quelque chose, mais j’en ai marre de voir ma mère batailler sans résultat et dans l’indifférence générale ».
Cette habitante de Châtenay-Malabry a 20 ans. Elle connaît la cité de la Butte-Rouge depuis sa naissance et y réside toujours.