• Lieu : le quartier les Châtillons raconté par… Zabbaou Liman-Inoussa
  • Date de la photo : Juin 2018

« La piste rouge, la piste noire… Rien à voir avec des pistes de ski ! Non, ce sont des lieux phares des Châtillons, à Reims. Ce quartier, l’un des derniers construits dans la ville, prend la forme d’un labyrinthe. Certaines de ses rues portent les noms de navigateurs et il y a une tour emblématique,  celle des Argonautes, au sommet de laquelle trône un bateau. Ici, les gens parlent la langue de FE : Tutu voifa cefe quefe jefe veufi difi, refe ? ( ‘Tu vois ce que je veux dire, frère ?‘). Ici, garçons et filles se retrouvaient sur la piste rouge pour jouer au football. Pour s’amuser, on avait aussi les barres rouges et les boules rouges avant que les premiers plans d’aménagements urbains ne viennent aplanir ces lieux pour les remplacer par des terrains de pétanque et du gravier.

Les barres rouges, c’était une structure, une sorte de grosse toile d’araignée en fer. On pouvait y jouer à trappe-trappe, au chat glacé, à l’Épervier, à la balançoire et à un tas d’autres jeux dont j’ai oublié le nom. Nos parents n’avaient pas besoin de nous chercher bien loin, soit ils gueulaient notre nom par la fenêtre pour que l’on remonte soit ils venaient directement nous chercher. Dans tous les cas, ils savaient que c’était sur cette aire de jeux qu’ils pouvaient nous trouver. D’un côté, il y a la rue Ponce de Léon, de l’autre le boulevard Vasco de Gama. Deux mondes différents qui se retrouvaient au milieu, en un point central : les barres rouges. Mais dans mes souvenirs, le côté Ponce de Léon avait quand même le monopole !

N’oubliez pas que les Châtillons, c’est un labyrinthe. La piste rouge, qui débute de l’autre côté de la rue Ponce de Léon et se poursuit dans le prolongement du boulevard Vasca de Gama, existe toujours aujourd’hui mais fait peine à voir. À la grande époque, tout Reims nous enviait ce lieu : piscines – euh pardon pataugeoires – des douches, un terrain de foot, un skatepark et surtout un espace vert au milieu duquel une petite maison où durant l’été, pendant deux mois, il y avait des activités. Et puissantes ! À la fin de chaque été, un spectacle. On se souviendra tous du duo musical Orphée-Zina qui a chanté du Menelik !

Bye Bye cette époque. Aujourd’hui, les jeunes se débrouillent et on les aide à se débrouiller le mieux possible. 

Ce quartier est bourré de talents. On a eu un champion d’échecs, Fodil Ali Rached, qui habite à Hong Kong désormais, une grande joueuse de tennis de table, Dieniouma Coulibaly, un grand joueur de foot toujours en activité, le gardien de but Ludovic Butelle et plein d’autres. Faut dire que ce quartier était hyper ouvert sur l’extérieur, notamment grâce au Phare, qui est la MJC privée, aujourd’hui rattachée à la Maison de Quartier. À l’époque, c’était la guerre entre la MJC et le Centre Social ! Nous, on était de la team MJC avec notre figure de proue Chantal. On a pu faire tellement d’activités culturelles, sportives, intellectuelles, des sorties… Cette autre école nous a clairement forgé et formé. La MJC, notre bulle, nous a permis d’apprendre un paquet de choses, autrement qu’au collège Paul Fort classé REP++. Une échappatoire pour certains.

Vous l’aurez compris, les Châtillons, dans mes souvenirs, c’est un tout ! On s’y est battus, débattus, en restant ensemble, et même si aujourd’hui j’habite de l’autre côté du Canal, près du centre-ville, j’y retourne régulièrement pour encourager ceux qui y sont restés ou qui n’ont pas d’autres choix que de sortir de leur zone, devenue aujourd’hui d’inconfort, ou à y créer, car il y a de la matière ».

Zabbaou Liman-Inoussa, citoyenne du monde, nigérienne d’origine. Elle a grandi dans le quartier des Châtillons et en connait le moindre recoin. Aujourd’hui, elle vit de l’autre côté du Canal mais son cœur est resté aux Châtillons.

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