En 2019, alors que j’étais encore au collège nous discutions deux de mes camarades et moi, de tout et de rien. Quand l’un des deux me dit : « être clair c’est mieux, parce que noir foncé on ne te voit pas la nuit. »

Puis ils se sont mis à comparer leurs deux couleurs de peau (des peaux noires) en se disputant sur lequel des deux avait la peau la plus claire. Le premier interlocuteur se vantait de sa couleur de peau « métisse » mais ses deux parents étaient noirs.

Ils venaient en fait de hiérarchiser la beauté de leurs couleurs de peau, c’est ce qu’on appelle le colorisme. Imaginez une pyramide où tout en haut se trouverait le blanc et tout en bas le noir.

Je me suis rendue compte que les personnes qui plaisaient le plus étaient de couleur claire / blanche.

Pour vous rendre compte de l’envergure du colorisme dans cette société, un autre type d’exemple : en vous promenant sur YouTube, vous avez sûrement déjà vu des vidéos du type « smash or pass » où le concept est de proposer des photos de personnes connues ou non et si la personne nous plaît (physiquement), dire « smash » et si au contraire elle ne nous plait pas dire « pass ».

Critères de beauté et préjugés

Je me suis rendue compte que les personnes qui plaisaient le plus étaient de couleur claire / blanche et celles qui plaisaient le moins étaient noires, foncées, ou ne se rapprochaient pas d’un modèle typique de femme européenne/occidentale.

La majeure partie des critères de beautés sont basés sur des « attributs » occidentaux : traits fins, fine bouche, cheveux ondulés voir lisses, teint clair… Ce type d’idéologie, guidé par des réflexions coloristes, est un fléau qui rejette la beauté des femmes/hommes noirs.

Si vous êtes noire, plus tôt dans votre scolarité, vous avez sûrement déjà entendu ou été victime de termes comme :  « niafou », « F.F.F : Fédération de Fatou Flingué/ Fâché ». Des termes très péjoratifs et réducteurs qui désignent en premier lieu des femmes noires foncées de peau et beaucoup d’autres facteurs dégradants (cris dans le bus, perruque gâtée, langage et accoutrement vulgaire etc).

Malheureusement les propos coloristes sont très ancrés en Afrique subsaharienne. Dans plusieurs pays comme le Sénégal, Mali, ou la Côte d’Ivoire se blanchir la peau à l’aide de crèmes éclaircissantes ou se défriser les cheveux est devenue banale pour se reprocher le plus possible de « l’idéal noir ».

Pour plaire en étant noire, il faut être noire… Mais pas trop.

Kadidiatou Fofana

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