Elles sont issues d’horizons différents, mais ont le même objectif en ligne de mire : œuvrer pour « un monde plus équitable ». Ensemble, elles ont fondé le mouvement sportif et solidaire Trek4Good, et vont mener leur premier défi : l’ascension du Kilimandjaro.

Bouchra Baibanou, l’une des quatre aventurières, n’en est pas à son coup d’essai. Ingénieure de formation, cette Marocaine de 53 ans a gravi les sept plus hauts sommets du monde. Elle est la première femme nord-africaine à réussir cet exploit. Ses trois équipières pour cette aventure, Nathalie Bondetti Lafrie (entrepreneure), Linda Benkacem (consultante) et Nadia Hathroubi Safsaf (journaliste) n’ont en revanche aucune expérience dans l’alpinisme.

Le challenge sportif est immense, la cause défendue l’est tout autant. En parallèle de cette expédition, une cagnotte a été lancée sur les réseaux sociaux afin de récolter 30 000 euros. Cet argent servira à mener des activités sportives, artistiques et éducatives auprès de jeunes filles issues de milieux défavorisés. Bouchra Baibanou nous explique la genèse et l’objectif de ce projet. Interview.

Bouchra Baibanou au sommet de l’Antarctique en décembre 2019 / @bbaibanou

 D’où vous est venue l’idée de mettre en place ce projet et comment vous vous y préparez ?

Ça fait plusieurs années que j’essaie, à mon échelle, d’organiser des choses pour rendre heureuses de jeunes Marocaines. (En 2018, elle a par exemple emmené une trentaine d’entre elles au sommet du Mont Toubkal, le plus haut d’Afrique du Nord – 4 167m, NDLR). Nathalie est, de son côté, très engagée auprès de jeunes Françaises. On s’est tout simplement dit qu’il fallait lier nos forces pour tenter d’organiser quelque chose ensemble. Notre projet a plu à Linda et Nadia qui nous ont ensuite rejointes.

Elles sont toutes les trois débutantes en alpinisme. Je vais utiliser les compétences que j’ai développées pendant mes précédentes ascensions pour les encadrer et les booster le plus possible. On s’y prépare depuis plusieurs mois, aussi bien physiquement que mentalement. En plus de la dimension sportive de cette aventure, il va falloir résister au froid, au vent, etc. On démarre l’expédition le 3 février, et on espère atteindre, si tout se passe bien, le sommet du Kilimandjaro le 9.

En parallèle de cette ascension, vous espérez récolter des fonds pour les jeunes filles de milieux défavorisés. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L’argent que nous allons récolter nous permettra de mettre en place deux bootcamps pour des jeunes filles âgées de 14 à 21 ans issues de milieux défavorisés. L’un en France, pour celles qui vivent dans des quartiers prioritaires de la ville (QPV), et l’autre au Maroc, pour celles qui vivent dans les milieux ruraux marocains. On travaillera avec plusieurs associations, comme Inspiring Girls ou encore Education For All, pour sélectionner les jeunes filles qui pourront y participer.

Pendant une semaine, elles vivront toutes ensemble, en étant évidemment nourries et logées. On va organiser différentes activités sportives comme des randonnées, mais aussi des activités culturelles, artistiques… Il y aura aussi tout un aspect développement personnel. On va inviter des personnalités de différents horizons pour parler de leur parcours. Elles pourront échanger librement avec elles.

On a mis en place une cagnotte en ligne, et on va fonctionner par palier. Avec 10 000 euros, 100 jeunes filles vont pouvoir participer à ces bootcamps. Avec 20 000 euros, 200 jeunes filles auront cette opportunité, et ainsi de suite. On est très fières parce qu’on a atteint le premier palier avant même de démarrer l’ascension du « Kili ». On s’est fixé un objectif de 30 000 euros, mais assurément, plus on récolte d’argent, plus le nombre de participantes sera élevé.

Quels bénéfices ces jeunes filles pourront-elles tirer de ces différentes actions ?

En fait, ça leur permet tout simplement de prendre confiance en elles. Nous, ce qu’on veut leur faire comprendre, c’est qu’elles peuvent réaliser leurs rêves, quels qu’ils soient. Avec les randonnées qu’on organise, on veut développer leur mental et leur faire comprendre qu’elles peuvent dépasser leurs limites. En leur permettant de rencontrer des personnalités inspirantes, on veut qu’elles puissent s’identifier à elles, qu’elles aient des modèles de réussite.

Notre but avec Trek4Good, c’est de permettre aux jeunes filles de rêver 

J’ai déjà pu organiser plusieurs bootcamps au Maroc. J’ai ensuite eu des retours de jeunes filles qui en ont bénéficié et qui m’ont par exemple raconté qu’elles ont poursuivi leurs études après leur bac. Certaines m’ont même dit qu’elles ont postulé dans des universités étrangères alors qu’avant elles n’osaient même pas y penser. Elles estimaient que c’était uniquement réservé aux hommes. En résumé, notre but avec Trek4Good, c’est de permettre aux jeunes filles de rêver, en se libérant de tous les clichés et stéréotypes qui pèsent sur elles.

Ayoub Simour

Photo de Une : ©AntonyTrivet

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