« Qu’ils retournent en Afrique ! » Ces propos racistes ont été tenus par un député RN, Grégoire de Fournas, lors d’une séance de l’Assemblée nationale, jeudi 3 novembre. L’injure a surgi, alors que le député LFI, Carlos Martens Bilongo, interrogeait le gouvernement sur la situation des migrants secourus par le navire de SOS Méditerranée.

La saillie raciste de Grégoire de Fournas a été condamnée unanimement par les députés. Exceptés ceux du RN. La plupart des parlementaires ont immédiatement réclamé une sanction lourde à l’égard de l’élu lepéniste. Une réaction qui tranche avec l’atmosphère souvent conflictuelle des débats à l’Assemblée.

L’insulte du député RN s’inscrit dans un climat de haine qui perdure et se renforce depuis des années

Pour autant, l’insulte du député RN s’inscrit dans un climat de haine qui perdure et se renforce depuis des années. Une tendance qui a connu une accélération avec, notamment, la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle et la libération, toujours plus forte, de la parole raciste.

L’incident n’est pas isolé. À Stains, les locaux de la mairie ont été investis par des militants fascistes de l’Action française, début octobre. Gérald Darmanin, si prompt à dissoudre les associations, n’a pas daigné s’exprimer sur le sujet.

À Lyon, des groupuscules d’extrême droite ont défilé en hurlant des slogans xénophobes. À ceci, il faut ajouter la récupération de la mort tragique de la petite Lola, par le RN et Éric Zemmour.

La complaisance coupable de la majorité

Cette déferlante xénophobe effraie. L’inaction du gouvernement tétanise. Nous devrions pourtant, toutes et tous, être alarmés.

Depuis le début de l’année, au moins deux élus de la République non blancs ont été visés par des injures à caractère raciste. Ils ont été attaqués pour ce qu’ils sont. Noir, Arabe.

L’obsession de l’immigration, la haine de l’autre, de nous, révulse.

Complaisance avec l’extrême droite

Les députés de la majorité ont beau jeu de s’offusquer de cette insulte raciste du député RN. Alors que, « en même temps », le Président contribue à cette libération de la parole raciste par sa complaisance avec l’extrême droite.

En investissant les thématiques de l’immigration et de la sécurité, Macron et son gouvernement donnent du crédit au RN. Par cynisme sûrement, une stratégie électorale lâche et minable.

Gérald Darmanin a ainsi porté la loi dite contre le séparatisme. Une loi stigmatisante et mal fagotée. Il a encouragé le confusionnisme, en renvoyant dos à dos, l’extrême droite (RN) et l’extrême gauche (LFI). Comme Emmanuel Macron durant les législatives de 2022.

Une faillite morale qui remonte, au moins, à Nicolas Sarkozy et sa volonté affichée de draguer l’électorat frontiste. Nous entendons le bruit des bottes, nous sommes leur cible privilégiée. Nous payons ces choix dans nos esprits, dans nos chairs. Nous sommes les sentinelles de la République. Jusqu’à quand ?

Hervé Hinopay  

Articles liés