[#PRÉSIDENTIELLE2017] Quelques Bondynois se sont levés tôt ce dimanche matin pour voter. Certains revendiquent fièrement leur vote. D’autres, qui passent par là, nous expliquent pourquoi glisser un bulletin dans l’urne est désormais inimaginable pour eux. Reportage.

À 8 heures, devant l’école Jean Zay de Bondy Nord, habituellement ce sont les cartables, baskets à roulettes et trottinettes qui se bousculent. Ce dimanche matin, ça ne se bouscule pas encore. Les enfants ont laissé place à leurs aînés pour voter.

Robert et Jeanne Cherfils, Bondynois, votent par « devoir citoyen ».

Robert et Jeanne Cherfils sont Bondynois depuis 65 ans. « À l’époque, ici, il y avait encore des champs », se remémorent-ils, un brin nostalgique. Robert raconte avoir longtemps été président de bureaux de vote. Désormais, il se contente « uniquement » de voter. « J’ai toujours voté, et j’espère continuer encore longtemps. J’essaye de choisir le candidat qui porte le plus mes convictions. J’ai toujours été de gauche, du côté du plus pauvre. Aujourd’hui, je suis déçu de ma gauche. Je leur en veux de ne pas s’être mis d’accord. Malheureusement, leur petite guerre d’égo va leur coûter la défaite », analyse-t-il. Jeanne approuve et ajoute : « Beaucoup ne veulent pas voter pour un perdant, ils préfèrent voter utile. Pour le moment, au premier tour, autant se faire rêver et choisir celui qui nous séduit le plus ». Le couple pense déjà au second tour, craignant le vote par défaut. « On se rendra aux urnes c’est certain, même à contre coeur… »

« Les absents ont toujours tort »

Les personnes croisées ce matin sont unanimes, si elles sont là, c’est avant tout pour accomplir leur devoir de citoyen. C’est le cas de Jeanine et Florence Lessard. « Les absents ont toujours tort. D’autant plus que mes parents se sont battus pour ce droit ! », témoigne Jeanine. Belaïd, a 24 ans, fera partie de ces absents. Il interpelle un couple d’un certain âge à la sortie du bureau. « Alors, c’est quoi la bonne réponse ? » s’amuse-t-il. Le couple lui rappelle qu’il est libre de choisir le candidat qu’il préfère. « Il est 8h40. Je suis là, devant le bureau, mais non, je ne voterai pas. Cette fois, ma carte électorale est restée au chaud, à la maison. J’ai déjà voté deux fois dans ma vie. C’est toujours pareil, ils ne tiennent pas leurs promesses. Et puis je ne me sens pas représenté par ces candidats. C’est dommage, hein ? J’aimerais bien voter pour quelqu’un comme toi et moi, quelqu’un qui nous ressemble, qui nous comprend vraiment », conclut-il, lassé.

Djibril Keyta est venu avec sa fille de 7 ans. Lui aussi ressent de la gêne dans ce vote. « Ces élections, c’était un grand fouillis mais il est important de voter, je suis Français après tout », explique-t-il. S’il est venu avec sa fille ce matin, c’est aussi pour « la familiariser au devoir démocratique ».

« Le fait d’avoir le droit de vote m’a énormément responsabilisée »

Modestine Nlandu wa kabila, avec sa fille Ketsia, 18 ans, qui vient voter pour la première fois.

Quelques mètres plus loin, à l’école Noue-Caillet, Ketsia Nlandu wa kabila est aussi venue avec sa maman, Victoire. Ketsia a 18 ans. Elle vote aujourd’hui pour la première fois. « À la base, je ne m’intéressais pas vraiment à la politique, mais le fait d’avoir le droit de vote m’a énormément responsabilisée, rapporte-t-elle. J’ai regardé les programmes. Finalement, je pensais voter contre un candidat. Je suis contente d’avoir voter pour quelqu’un. J’espère sincèrement voter de nouveau pour lui dans 15 jours ». La maman précise l’importance du vote dans la famille. « Je n’ai jamais forcé mes enfants à quoi que ce soit mais je les ai éduqués avec un esprit citoyen. D’ailleurs, mon fils était là ce matin à l’ouverture », raconte-t-elle fièrement.

Devant ce même bureau de vote, un Chibani ne comprend les motivations des abstentionnistes. « Le droit de vote n’est pas accordé à tout le monde, donc il faut en profiter, dit-il. Je ne comprends pas le principe de l’abstention ».

La maire de Bondy, Sylvine Thomassin, est de passage. « Une circulaire nous a été communiquée, hier, en raison des événements tragiques survenus cette semaine. Je fais donc le tour des 30 bureaux pour m’assurer que tout se déroule bien. On espère que cette journée se terminera aussi bien qu’elle a commencé », déclare l’édile socialiste qui soutient le candidat Benoît Hamon.

Les grasses matinées sont terminées. Les rues se remplissent. De plus en plus de Bondynois passent au bureau de vote. À l’arrêt du 346, situé à quelques pas des bureaux, Belaïd attend son bus en contemplant l’affichage électoral. « C’est dommage, certains avaient l’air sympa. Mais dans ce cas, moi aussi je peux devenir président ! »

Sarah ICHOU et Azzedine MAROUF

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