Je viens de quitter le bar-tabac PMU et me dirige vers le bureau de vote le plus proche. Vraiment ce n’est pas un temps à faire un reportage pour Bondy Blog : à cette heure-ci, je serais bien chez moi, au chaud, à siroter une bonne boisson gazeuse tout en regardant « Vivement Dimanche ». Non je divague ! Ce n’est pas mon programme préféré, mais vous avouerez qu’à cette heure, il n’y a pas grand-chose à croquer à la télé. Depuis que l’ « Ecole des fans » n’est plus, je me languis d’ennui le dimanche après-midi. A défaut de Jacques Martin, je me contente de Michel Drucker.

La pluie s’accentue de plus en plus, je décide de m’arrêter au pied d’un immeuble sous un hall afin de m’abriter. Apparemment je ne suis pas seul : je décide d’interroger les deux jeunes qui s’y trouvent et savoir s’ils comptent voter aujourd’hui : « Voter, mec, me dit un des jeunes avec un ton direct, t’es ouf ou quoi ? C’est tous la même kaï, Paul ou Mohamed, c’est kif-kif pour oim ! Y a que la maï qui compte pour oim, c’est pas un bon biz le vote ! Aller, garde la pêche mec ! » N’ayant pas compris parfaitement tous ce qu’il venait de dire, j’insiste pas. Je quitte l’endroit, d’autant plus qu’ils m’ont semblé un tantinet énervés.

Je brave donc la pluie, j’arrive enfin au bureau de vote : pas grand monde. Je demande à un des assesseurs s’il y a plus de votants que la semaine dernière : « Oui, 5 % de plus, mais c’est pas la foule. Peut-être en fin d’après midi, il y aura un peu plus de monde. » Tout le monde à l’air un peu endormi ; sûrement sortent-ils de repas. C’est vrai qu’il est bientôt 14 heures, ils doivent être en pleine digestion.

Ne souhaitant pas les déranger pendant leur sieste, je décide de sortir et d’intercepter les votants à l’extérieur : je rencontre une femme, la trentaine environ, elle porte une veste cintrée noire avec un pantalon de la même couleur, assorti d’une chemise blanche. Comment a-t-elle voté ? « Je n’ai pas voté pour la même personne au premier et au deuxième tour », apparemment pressé, elle accoure vers sa voiture, ne me laissant pas le temps de discourir avec elle.

J’aperçois une personne âgée qui vient elle aussi de voter, je lui demande si elle a exprimé son vote : « Oh que oui ! Vous savez, Monsieur, j’ai connu la seconde guerre mondiale, ma famille a été victime des Nazis, j’en ai beaucoup souffert, je ne comprends pas pourquoi les gens ne se bousculent pas pour voter. Il y a des gens qui meurent aujourd’hui pour obtenir ce droit… » Je crois qu’il y a plus rien à dire.

Chaker Nouri

Chaker Nouri

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