C’est en polo orange vif qu’Armand Hennon débarque à une conférence de presse organisée le 22 mars 2008. C’est sûr, en ce qui le concerne, il fait bien partie du MoDem. Intéressé par la politique depuis l’âge de 18 ans, il fait d’abord ses classes au Parti radical, présidé par Jean-Louis Borloo, avant de présider la section MoDem du XIe arrondissement de Paris. Proche de Marielle de Sarnez, il livre son constat après le résultat final des élections municipales.

Armand Hennon arbore fièrement sa fidélité au parti de François Bayrou. Homme de conviction, attaché aux valeurs centristes, il a « logiquement continué de suivre le président de l’UDF ». Mais surtout, il n’avait pas de mandat à défendre, contrairement aux anciens UDF qui ont rejoint les rangs de la majorité.

Si tout le monde s’accorde à dire que le MoDem n’a pas su tirer bénéfice des élections municipales du printemps, pour sa part, Armand Hennon se défend d’un quelconque échec. Il reconnaît qu’au niveau national, les résultats n’ont pas été extraordinaires, « mais il faut relativiser cet échec au niveau local, nous savions qu’il s’agissait d’élections difficiles puisque le mode de scrutin [NDRL : majoritaire] est handicapant pour le Modem, victime de la bipolarisation », explique-t-il. La bipolarisation, justement, sonne comme une disgrâce pour le parti.

C’est sans doute pourquoi le MoDem s’est livré à un jeu d’alliances locales, accusé d’aller « un coup à droite, un coup à gauche ». Armand Hennon admet que « le parti aurait pu s’abstenir de certaines alliances, où parfois ça n’avait aucune logique ». De son point de vue, il s’agit d’un problème de mentalités. Alors qu’en Allemagne ce type de pratiques d’alliances « métapartisanes » existe, en France, cela paraît moins acceptable. Et pour cause : « On nous a beaucoup reproché ce jeu d’alliances, surtout de la part des militants. Nous sommes conscients que les dix-sept millions d’électeurs qui ont voté Bayrou aux dernières présidentielles attendent de nous plus de cohérence. »

Pour autant, cet homme de conviction ne baisse pas les bras ! Au contraire, martèle-t-il que « le MoDem n’est pas mort ». Mais quel avenir pour ce nouveau parti, créé juste après les élections présidentielles de 2007 ? L’hypothèse d’un rapprochement avec la gauche n’est pas exclue. De l’aveu même d’Armand Hennon, « si la gauche se reconstruit, il est possible d’envisager, à long terme, une fusion qui donnerait un mouvement social-démocrate ». Avec 2012 en image de fond…

Mais avant : les prochains scrutins, ceux des élections régionales et des élections européennes sont la priorité. Armand Hennon ne se fait aucun souci quant à ces dernières : « Le centre a toujours fait de très bons scores aux européennes, c’est une élection à la proportionnelle intégrale, ça nous arrange beaucoup ! » En attendant, le mouvement démocrate continue de se positionner en tant qu’héritier naturel du centrisme français, en concurrence directe avec le Nouveau centre. Le Modem n’est pas mort, foi d’Hennon !

Hanane Kaddour

Hanane Kaddour

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