A la fin de l’été nous
avions décidé de créer une rubrique concernant l’économie et les entrepreneurs
issus des banlieues. Ce texte retrace l’aventure de l’un d’entre eux.

Pour notre premier
reportage, nous quittons la région parisienne pour nous rendre à Rouen.
Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec un certain Bakary Kamara, un entrepreneur de
28 ans plein de dynamisme. Me voilà donc dans le centre ville de Rouen, dans un
quartier commerçant fort sympathique où assez facilement je repère son magasin.
Dès l’instant où je rentre dans la boutique de sport, même le béotien que je
suis, ne peut ignorer qu’il vient de s’introduire dans un « temple du
ballon rond ». Ici tout est dédié au football : que ce soit les
produits techniques, les ballons, les maillots de l’autre bout de la planète ou
encore une miniature du stade vélodrome, chaque objet « parle
football ». Bakary a la gentillesse de se rendre disponible en ce samedi
et nous voilà rapidement transportés dans l’arrière-boutique exigüe. Un bureau,
des dossiers, des portables, un peu d’équipement, dès le premier regard le lieu
traduit une certaine effervescence. Mon hôte nous fait un peu de place et voilà
notre discussion partie.

L’histoire
de Bakary, commence en banlieue parisienne, aux Mureaux, où
il passe la majeure partie de son enfance avant de déménager avec ses
parents en Normandie. Ses études à Evreux puis à Rouen lui permettent
d’obtenir un DUT de Techniques de Commercialisation puis un DESS en
Ingénierie de l’innovation. A la fin de son DESS, Bakary galère pour trouver du
travail, il finit par accepter un emploi au guichet dans une banque à Rouen.

Ce
n’est pas le domaine dans lequel il espérait travailler mais comme il faut bien
manger, c’est toujours mieux que rien. Bakary débute donc dans son nouveau
travail mais désireux de progresser, il s’intéresse rapidement aux possibilités
d’évolution interne qu’offre l’entreprise. Au bout de six mois il repère un
poste dont la fonction principale est la formation et l’intégration des
nouveaux employés. Cela correspond davantage à sa qualification et ses
compétences, et logiquement il postule à ce poste. Cependant, on lui fait
clairement comprendre qu’il est « trop jeune et pas assez
expérimenté » pour pouvoir prétendre à une telle fonction.

Cette
situation se révèle frustrante pour Bakary, en tout cas suffisamment frustrante
pour lui donner l’envie de regarder ailleurs. Alors, lorsqu’une grande société
d’informatique lui offre l’opportunité de devenir développeur sur Paris, il est
rapidement séduit par l’idée. Il y a bien le problème de la distance avec
Rouen, mais la possibilité de s’ouvrir de nouveaux horizons est trop séduisante
et Bakary saute sur l’occasion. Bientôt il se retrouve chez un client sur
son premier projet. Cela se passe plutôt bien, il est assez doué et son
employeur est satisfait de son travail. Comme il se débrouille bien, on le
lâche cette fois en autonomie quasi complète chez un second client. Il est
motivé mais là c’est peut-être un peu trop, ce n’est pas simplement du développement
qu’on lui demande et rapidement le projet se révèle plus complexe que prévu. Cette
situation se révèle assez désagréable : Bakary attache de l’importance à
la qualité de ses prestations et en l’occurrence, il ne considère pas être en
mesure de fournir toute la qualité de service qu’il estime due à ce client. A
cela s’ajoute la fatigue des trajets quotidiens entre Paris et Rouen. Chaque
jour, Bakary a le temps de se poser des questions : des questions sur ce
qu’il fait mais surtout des questions ce qu’il veut faire.

En
réalité, Bakary rêve à autre chose…


Le site web de l’entreprise
de Bakary Kamara :
www.k2foot.com

Par Cédric Roussel

Cédric Roussel

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