MUNICIPALES 2014. Banlieue rouge depuis près de cent ans, Bobigny va peut-être virer au bleu. Dimanche 23 mars, le Parti communiste de Catherine Peyge a subi un revers en arrivant deuxième derrière la liste de centre-droit portée parle candidat UDI Stéphane de Paoli. Ambiance tendue.

Un entre-deux tour est toujours folklorique quand une ville tend vers le parti politique de l’opposition. Il ne fait aucun doute à Bobigny, fief communiste depuis près d’un siècle, que les dents sont serrées pour la gauche qui est passée au second tour avec un score inférieur à celui du candidat UDI Stéphane De Paoli, avec près de 4 points d’écart. Depuis lundi matin, lendemain du premier tour, les tracts de la maire sortante ne cessent de s’empiler dans les boîtes aux lettres. En pleine campagne de diabolisation à l’encontre de Stéphane De Paoli, l’équipe de Catherine Peyge ne lésine pas sur les moyens : nouveaux tracts chaque jour pour inciter un peu plus les Balbyniens à voter communiste, ou encore clashs sur Facebook entre les deux listes en tête du premier tour, rien ne va.

Les tensions sont palpables des deux côtés. Affiches de campagnes arrachées, recouvertes ou même repeintes, la guerre bat son plein dans la ville. Et les habitants se rendent compte que les choses vont visiblement trop loin. « Je n’ai jamais vu tant de haine dans notre ville. Des cris, des insultes, des menaces, ça en devient triste. Tout ça pousse les jeunes à ne même pas voter et c’est une grosse erreur. Il faut rester calme et finir la semaine sereinement », confie une maman habitant le quartier Chemin-Vert. Et elle n’est pas la seule à faire ce constat amer. Même les caméras des chaînes d’information viennent pour filmer cela. La permanence du candidat UDI située avenue Jean Jaurès, qui est toujours pleine de membres du soutien ou de simples Balbyniens en mal de réponses à leurs questions, a vu un drôle de personnage venir râler en début de semaine.

Sur une vidéo disponible sur YouTube, on peu voir un homme âgé se fritter avec Christian Bartholomé, membre de la liste UDI. Ce dernier insulte « d’intégriste » l’une des membres de l’équipe portant le voile. Cette femme, responsable associative depuis 17 ans figure au premier rang de la photo de groupe affichée sur les vitres du QG. De nationalité française depuis toujours, elle a « tenté en vain de lui faire comprendre que l’habit ne fait pas le moine« . La vidéo a fait scandale à Bobigny. Réputée pour être la ville de toutes les communautés et confessions, jamais des propos de la sorte n’avaient été prononcés.

Avec près de 60% d’abstention au premier tour, les deux candidats espèrent mobiliser un maximum de Balbyniens dimanche. Quitte à utiliser les pires moyens comme à chaque élection importante. Nombreux sont ceux qui ont hâte que ces élections  se terminent : « il y en a marre de tout ces papiers dans nos boîtes et de la porte qui sonne. Chacun tente d’attirer les habitants vers lui, en salissant l’autre. Je n’ai qu’une chose à dire, que le meilleur gagne » explique une habitante du quartier Paul Eluard depuis 25 ans.

Si jamais Stéphane De Paoli est élu maire ce dimanche 30 mars, cela sera vécu comme un séisme dans la vie balbynienne mais surtout pour le Parti communiste, confortablement installé dans le 93 depuis des décennies. Mais rien n’est joué car Bobigny est une ville communiste depuis 95 ans.

Inès El laboudy

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