Premier meeting de Patrick Lozès jeudi dernier à la Bellevilloise dans le 20e arrondissement de Paris.
Qui ça ?
Le gars du Cran, les statistique ethniques tout ça… Enfin il a démissionné depuis.
Avant d’y aller je me demandais quelle sauce allait nous être servie : opération « noir de service » ou bien un vrai Obama sommeille en lui ? Impossible de savoir. Sur le papier Patrick Lozès n’est ni énarque, ni avocat, ses amis ont-ils es yachts ? Il est pharmacien. Plutôt mal parti pour être président. Son siège de campagne n’est ni à Solférino, ni rue de la Boétie, mais il n’a pas poussé jusqu’à faire son coming out présidentiel à Sevran comme Nicolas Hulot.

Les gens commencent à arriver, je ne peux pas dire qu’il s’agit de militants, on ne sait même pas de quel parti il est. Un candidat sans parti, cela renforce ma suspicion : mégalo ou courageux ? Il faut bien le reconnaître, depuis 2007 (et peut-être même avant), être  Noir, Arabe, basané, coloré, Rom, c’est plus tendance « reconduite à la frontière » que président de la République. Autant se lancer dans un 400 mètres aux JO en aveugle avec une prothèse de hanche.

Vers 18h30, la salle est encore bien clairsemée, les tests micros se déroulent, les attachées de presse arrivent, le chargé de coordination cours partout. Puis une musique de fond est lancée, c’est plutôt jazz, reggae. 19h15 c’est le lancement du meeting, un couple endosse le rôle de maître de cérémonie et annonce le déroulement des festivités : paroles des « militants », puis paroles de soutiens, parole de Patrick Lozès et cocktail.

Les militants Benetton,  une blonde une métisse et une asiatique expliquent pourquoi ils s’engagent aux côtés de Patrick Lozès. Tous à leur manière le disent : l’injustice, le racisme, l’inhumanisme ambiant (!), les personnalités – membres d’associations, producteurs de cinéma, etc. endorment la salle avec leur ton professoral, jusqu’à ce que le président de la chambre de commerce afro-américaine monte sur l’estrade. Yes, Sir ! Rien à dire pour les Américains : discours calibré, ils chauffent la salle, rendent hommage au candidat : « Patrick is a man of integrity ».  Patrick finit par venir à la tribune, Amel Bent en fond sonore – son titre Nouveau français.

Il se lance, et raconte un peu son parcours : français, né au Bénin, son grand-père menuisier qui lui inculque le sens du travail, de la rigueur « ça forge un homme », son père, tirailleur devenu médecin après la guerre puis ministre. Il garde en souvenir la visite de son père à l’Organisation des Nations-Unies, et puis le divorce, le départ pour la France et son arrivée dans une banlieue comme les autres. Vraiment comme les autres ? La Seine-Saint-Denis. Grand blanc – sans mauvais jeu de mots – Je me frotte les oreilles, j’ai bien entendu, le type devant moi annonçant sa candidature vient du 9-3, comme moi ! Creil, Tremblay-en- France…  et en plus il balance : « La Seine-Saint-Denis n’est pas une tâche qu’on nettoie au Kärcher ! ».

Il enchaîne avec la diversité qui devrait être un moteur pour la France notamment dans les conquêtes de marchés à l’international, l’accent à mettre sur l’éducation, créer un statut d’élève prioritaire, élève ZUS, ZEP ou je ne sais quoi. Bref avant c’était ton quartier, maintenant c’est ton école qui te stigmatise ! Les bus pour promouvoir la mixité sociale dans les écoles, pas très convaincant, du réchauffé de Hervé Morin peut-être. Il s’inspire du grand frère US avec le Minority Small business act : une loi pour encourager la diversité et la jeunesse qui a soif d’entreprendre ( vu qu’il n’y a pas de job pour elle). Le tout avec des moments de réelle émotion et quelques longueurs.

La salle réagit, applaudit, se lève et s’assoit. Le temps passe, on pense aussi au cocktail. Un parti a été créé : Allez la France (ça fait penser à une équipe de foot). C’est filmé, à la fin les journalistes assaillent le candidat Lozès.  Dans la salle il y a des jeunes, des moins jeunes, beaucoup de diversité mais pas majoritairement, un bon équilibre en somme. C’était le premier meeting, et un candidat supplémentaire, après Martine, Ségolène, François, Marine, Jean-Luc. Le plus difficile reste à faire : exister dans le paysage médiatique entre DSK, les cours de la bourse et l’affaire Karachi. Exister au-delà du 93.

Estelle Diallo

Voir la vidéo d’Aladine Zaiane :

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