Jean-Marie fait partie de ces acteurs de la ville de Dreux qui ont traversés trois décennies de vie politique et sociale locale. « A la fin des années soixante dix, on fabriquait des émissions dans une cave, avec la police qui faisait le tour du quartier à la recherche des bidouilleurs ».

Comme tous les habitants de la ville, il vit avec cette étiquette qui colle à la peau des drouais : Dreux, la ville du front national. Lors des élections municipales, en 1983, Jean Hieaux, tête de liste RPR provoque un tsunami politique en faisant alliance avec le CDS et le FN. Dreux venait de diffuser une odeur nauséabonde dans le débat politique français : « Cette liste promettait aux habitants de mettre les arabes et les noirs dehors ! les gens y croyaient vraiment, ils ont vite compris que c’était un leurre ». 

Depuis vingt ans, la ville trimballe cette affaire, impossible de mettre sous silence cette alliance. « Après la mort de Jean-Pierre Stribois, maire-adjoint de la ville, sa femme a repris le flambeau. Marie-France Stirbois était jeune, jolie et savait parler aux gens… ». Impossible pour la ville de sortir de l’étau frontiste, d’autant plus qu’au niveau national, le mouvement était lancé toutes voiles dehors. 

« L’image de la ville est ternie, caricaturée. Il faudra beaucoup de temps pour réhabiliter cette image ». Gérard Hamel, député maire actuel, a mis sur sa liste plusieurs acteurs issus de la diversité. La ville accueille aujourd’hui le forum associatif dans le cadre du plan espoir banlieue. « Il y a une évolution, les nouvelles générations sont sans doute moins dans la revendication que dans la recherche de solutions pragmatiques ». Dreux panse ses plaies, mais le chemin sera long.

Nordine Nabili

Nordine Nabili

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