J’ai 14 ans, et lorsqu’au collège, en histoire, on étudie la deuxième guerre mondiale, les élèves ont toujours un grand père qui a combattu contre les Allemands à cette époque. Mais lorsqu’on s’appelle Amina, on se dit que cela ne nous concerne pas. En feuilletant des documents anciens conservés par ma mère et en regardant mon grand-père de 94 ans, je découvre donc que lui aussi a combattu contre les Allemands pendant cette guerre. Mon grand-père est né en 1915, en 1936 alors qu’il n’avait que 21 ans, il s’exile à Tunis pour trouver un emploi afin  de nourrir parents et frères restés à El Oued (désert Algérien).

En 1939, il fut enrôlé par l’armée française qui l’habille en militaire, et lui donne comme nom de famille SNP, Sans Nom Patronymique, seul le prénom est conservé. Il devient SNP Naji. Dans quel but les Français ont utilisé cette expression, mes recherches de ce côté n’ont pas encore commencé. Pour sa date de naissance, il est noté dans ses papiers « Présumé Né ».

Il batailla dans les tranchées du côté de l’Alsace-Lorraine, quand il fut emprisonné par les Allemands et conduit en Allemagne jusqu’à la libération de la France en 1945. Pendant sa période de détention, il a connu un autre prisonnier qu’il lui a dessiné sur l’avant bras un souvenir (vous y verrez ce que vos yeux voudront bien voir). 

En 1945, il fut libéré et envoyé à Tunis avec une pension de quelques francs par semestre, et voilà c’est tout. Ni poste de travail, ni reconnaissance, ni médaille, ni nom de famille. Seul, il est retourné à El Oued pour chercher sa copie intégrale d’acte de naissance  afin de retrouver son identité, il redevient Salimi Naji.  Et de retour à Tunis, il a épousé ma grand-mère qui lui a donné beaucoup d’enfants, dont le plus beau est mon père.

Amina Salimi (Lyon BondyBlog).

 

 

Amina Salimi

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