Il est bientôt 20 heures et elle n’est toujours pas là. « Rima arrive ! Elle était à République, au rassemblement contre le génocide en cours à Rafah », explique Éric Coquerel depuis l’estrade, pour faire patienter les habitants du quartier du Vieux Saint-Ouen. Le discours de Rima Hassan aurait dû commencer à 18 h 30.

La caravane de l’Union populaire, organisée par la France insoumise, faisait étape ce mardi 28 mai sur la place du marché de Landy. Sur les tracts distribués par les militants, figurent de gauche à droite Leïla Chaibi, députée au Parlement européen, le député Éric Coquerel, et Rima Hassan, 7ᵉ sur la liste de la France insoumise pour les élections européennes. C’est cette dernière qui est la star du jour.

La série de discours commence après l’observation d’une minute de silence pour les victimes des bombardements israéliens en Palestine. Les images atroces du bombardement d’un camp de déplacés près de Rafah, qui ont circulé sur les réseaux sociaux, sont encore fraîches dans les esprits. Les élus qui se succèdent à l’estrade commencent toutes et tous leurs interventions en évoquant la situation en Palestine.

La Palestine, une question européenne

Coiffée de son foulard blanc et appuyée sur une béquille, Feriel assiste de loin au discours de Leïla Chaibi, qui vilipende les lobbies au Parlement européen depuis l’estrade. Elle se rapproche petit à petit, au fil des minutes, jusqu’à rejoindre la foule. « C’est la présence de Rima Hassan qui m’a convaincue de descendre de chez moi », confie Feriel. Le porte-à-porte des militants a fait son effet. Elle est venue avec ses deux fils de 10 et 13 ans sur la place du marché. Ils font des aller-retours entre leur mère et le stand de nourriture tenu par une association locale.

Pour les élections européennes, cette habituée du vote socialiste hésite entre la liste de Raphaël Glucksmann et celle de Manon Aubry. La présence de la militante palestinienne ne la laisse pas indifférente. « C’est une juriste internationale, ce qui est déjà un gage de sérieux pour moi. Elle sait de quoi elle parle. » Quand on lui demande si l’engagement de la juriste pour la cause palestinienne la séduit, Feriel corrige : « C’est surtout un engagement humaniste ! Et évidemment que ça a son importance ! »

Arrivée sur l’estrade, vers 20 h 30, Rima Hassan prend le micro. Elle évoque d’abord la Palestine et la boucherie de Rafah, puis l’immigration – son domaine de prédilection en tant que juriste en droit international. La militante rappelle le racisme qui sous-tend les discours anti-migration en France. Après une quinzaine de minutes de discours. Les badauds et les militants s’amassent autour de Rima Hassan pour prendre selfies et photos de groupes. La file d’attente s’allonge. « Je suis venue juste pour prendre ma photo avec Rima ! », plaisante Diangou Traoré, militante LFI dionysienne.

« J’ai eu ma photo avec Rima Hassan, on peut rentrer à la maison ! »

Fatima a sagement patienté pour avoir sa photo avec la vedette franco-palestinienne. Avec ses deux filles, elle a fait le déplacement exprès, depuis le quartier Émile Zola à Saint-Ouen. C’est la première fois qu’elles sortent en famille pour assister à un meeting politique. « J’ai toujours voté pour la France insoumise », affirme cette syndicaliste à temps plein pour la CGT. « Pour moi, l’arrivée de Rima Hassan sur la liste est une excellente nouvelle », se réjouit-elle. Ses deux filles, adolescentes, approuvent. « On la connaît grâce aux réseaux sociaux », confie la plus jeune, sans cacher son intérêt pour la candidate aux européennes. Maintenant que j’ai eu ma photo, on peut rentrer à la maison ! », plaisante Fatima.

Les cadres de la France insoumise avaient bien conscience du succès qu’aurait Rima Hassan dans un quartier comme le Vieux Saint-Ouen. Ils risquent d’en avoir besoin pour le scrutin du 9 juin. Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, recueillait 51,82 % des suffrages à Saint-Ouen lors des élections de 2022. Mais au dernier scrutin européen, les chiffres de l’abstention culminaient à 57,66 % dans la même ville.

C’était important de venir au cœur des quartiers avec Rima

« C’était important de venir au cœur des quartiers avec Rima. Ici, les gens sont très sensibles à la question palestinienne », affirme ainsi Éric Coquerel, député de la circonscription. « Moi, je croise beaucoup d’Audoniens et d’Audoniennes, à chaque manifestation pour la Palestine. »

« La question palestinienne est une question européenne, assène-t-il. « L’élection européenne est une élection internationale. Avec le service public, l’opposition au libre-échange, l’austérité, les questions de paix et de droit international sont donc capitales ! », conclut-il. Les résultats du 9 juin diront si la stratégie a été payante.

Hadrien Akanati-Urbanet

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