Malgré la chaleur étouffante, ils sont plus de 2 000 à s’être entassés dans la petite salle du parc des expositions de Montreuil pour applaudir Ségolène Royal. Ils viennent de banlieue parisienne, mais aussi des quatre coins de la France. Des jeunes, des vieux, des blacks, des blancs, des beurs, la foule est aussi compacte que bigarrée. Et lorsque la candidate fait son entrée au son de « Simply the best », la salle bascule dans l’hystérie collective. Les « Ségolène présidente ! », qui fusent, masquent même la voix de la candidate. Une ambiance digne d’un stade de foot qui rappelle les plus belles heures de la campagne de 2007.

À l’époque, la candidate avait su mobiliser l’électorat populaire, notamment dans des quartiers difficiles qui boudent traditionnellement les urnes et les isoloirs. Si Ségolène Royal apparaît distancée dans la course à la primaire socialiste, largement devancée par François Hollande et Martine Aubry, son aura dans les milieux modestes semble intact. En tout cas, à Montreuil, personne ne veut croire aux sondages. « J’étais à la Rochelle où il y avait 5 000 socialistes pour 6 candidats. Ségolène est la seule à avoir réuni plus de 1000 personnes lors de son meeting. Faites le calcul » constate Marie-José, élue socialiste dans la commune d’Argenteuil.

Canotier à l’effigie de sa candidate sur la tête et écharpe bleu, blanc, rouge autour du coup, Rodolphe partage ce point de vue. « Ségolène a compris que la primaire n’était pas un congrès du PS, elle s’adresse directement aux citoyens et pas seulement à l’appareil. » Le retraité, qui est venu de Nice pour supporter sa candidate, est resté fidèle à la présidente du Poitou depuis 2006. « Je continue à la suivre car elle n’a pas changé. Son programme est celui du peuple pour le peuple. »

Effectivement, Ségolène Royal n’a pas changé. La candidate de l’ordre juste continue, non sans audace, de revendiquer une certaine fermeté de gauche. Fermeté à l’encontre du système financier d’abord : « Je vais mettre les banquier au pas… » martèle-t-elle. Un discours musclé taxé de populiste par ses concurrents, mais qui a indéniablement le mérite de faire mouche. Fermeté aussi en matière de sécurité. Ségolène Royal remet le couvert sur « l’encadrement militaire des délinquants ». Paradoxalement, c’est l’un des moments où elle est le plus applaudi.

Brahim Abbou, président de Cités d’avenir , déclinaison de Désirs d’avenir dans les quartiers qui fédère les initiatives de quelque 200 associations de toute la France, soutient la proposition. «Certains au PS pensent que nous voulons le laxisme et l’assistanat. C’est une position paternaliste… » Pour le jeune homme vêtu d’un tee-shirt Dolce&Gabbana Ségolène Royal est même la meilleure arme anti-Marine Le Pen , « la majorité de la population des quartiers réclame plus de fermeté car les classe populaires sont les premières à être touchées par l’insécurité… Ségolène a raison de s’adresser directement à elles. C’est une stratégie qui paiera ! ».  Contourner l’appareil socialiste en s’adressant directement à l’électorat populaire, la stratégie avait porté ses fruits durant les primaires de 2007. Bis repetita dans 30 jours ?

Alexandre Devecchio.

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