« Depuis les émeutes de 2005, les habitants d’Evreux ont une vision négative des jeunes du quartier de la Madeleine. Notre but est de rétablir le dialogue dans la population et de comprendre les besoins des jeunes. » Tel est le programme de Bonga Bonga Boketsu (ci-contre), président de l’Arche, une association locale. Le quartier de la Madeleine a une vie associative dynamique, vivante, ses habitants n’ont pas peur de prendre des initiatives. C’était déjà vrai en 2005. Ce n’est pas pour cela qu’il a été épargné par les émeutes.

Evreux, chef-lieu de l’Eure, a été durement frappé par cette « réaction épidermique des jeunes », rappelle Bonga Bonga Boketsu président de l’association l’Arche. Réaction épidermique et comme en chaîne, démultipliée par un phénomène médiatique puissant ou chaque acte de délinquance visible devenait un épisode des « banlieues française qui brûlent ». Alors, pourquoi ça n’aurait pas brûlé à Evreux aussi ? Même population, mêmes problèmes, taux d’échec scolaire très élevé…

Quelles réponses depuis quatre ans ? Bonga Bonga Boketsu et son équipe viennent de créer une section « animation de proximité » qui consiste à « faire de l’animation au pied des immeubles », explique son responsable, Camos Mendy. Le but est d’être au plus proche des jeunes et de pouvoir recenser les besoins et d’orienter le public vers des structures appropriées. L’association l’Arche sert de relais à cette jeunesse.

Camos Mendy (ci-contre) est un jeune du quartier qui a évolué dans le milieu associatif sportif et est devenu animateur. Il me raconte que durant l’année 2005, ce fut « le vide absolu » dans le quartier, les émeutes n’ont été que la démonstration d’un mal être. Cette année-là, il n’y avait quasiment plus de « médiateurs » à la Madeleine, selon Camos Mendy. Leur nombre avait diminué faute de subsides. « Or ils auraient pu apaiser les tensions en novembre 2005 », ajoute le responsable associatif. L’incarcération de plusieurs jeunes ainsi que la présence régulière, jusqu’ici, des CRS ont semble-t-il opéré un effet dissuasif, et la violence est en grand recul depuis quatre ans dans le quartier. Il y règne même une ambiance apaisée, palpable.

Une simple route sépare le quartier de la Madeleine de celui de Nétreville. Celui-ci n’a pas été touché durant les émeutes. J’ai cherché à comprendre pourquoi. Didier Rouchet (ci-contre, à droite), président de l’association l’ALEN (Association laïque de Nétreville), répond : « Il y a une réelle force chez les habitants, ainsi qu’un respect entre les générations. Dans cette association, se sont les bénévoles qui donnent le la, ils sont présents partout et extrêmement réactifs, l’exemple de l’opération de renouvellement urbain en est la preuve, ils participent à toute les instances décisionnelles, et ne se laisse pas faire. » Une base militante incontournable, une solidarité entre les habitants a permis en 2005 de préserver le quartier des débordements.

Le travail associatif est fédérateur et permet à chaque habitant d’exprimer sa voix, soit en prenant la parole, soit en participant à la vie locale. Bonga Bonga Boketsu et Didier Rouchet sont sur le terrain avec la population et la situation quatre ans après les émeutes des banlieues serait ici plutôt positif, grâce un travail de fond mené par les citoyens.

Hafidha Ouadah

Hafidha Ouadah

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