C’est la surprise du chef ! Nicolas Sarkozy reporte à février l’annonce du plan banlieues, initialement prévue le 22 janvier à Vaulx-en-Velin. Fadela Amara n’a semble-t-il rien vu venir. Comme tout le monde, elle a appris la nouvelle hier à l’occasion de la conférence de presse du président de la République, assure-t-on dans l’entourage de la secrétaire d’Etat à la politique de la ville.

Nicolas Sarkozy n’a pas donné les raisons de ce report, qui n’est pas le premier – la plan devait être dévoilé mi-décembre… Il a simplement indiqué que les mesures seraient rendues publiques en février, en sa présence, « avec Fadela », et pas forcément à Vaulx-en-Velin.

La secrétaire d’Etat encaisse le coup et se contente de peu : « Ce qui compte, dit un de ses collaborateurs, c’est que Nicolas Sarkozy prenne le problème à bras-le-corps. Cela montre l’importance qu’il accorde au plan banlieues. Sans doute est-ce à mettre en rapport avec son concept de politique de civilisation. » Doit-on rire ? A moins qu’il ait réservé le 22 janvier pour un autre événement : « Son mariage avec Carla Bruni, peut-être », s’amuse le collaborateur, cette fois franchement.

Pour Fadela Amara, toutefois, « ça ne change rien », fait-on savoir. Elle ira le 22, comme convenu, à Vaulx-en-Velin, mais sans le président de la République, alors que la présence de ce dernier, en ce lieu, ce jour-là, « avec Fadela », était prévue. La secrétaire d’Etat y dévoilera, seule, « les grandes lignes de la politique de la ville », affirme un de ses proches. « Le plan banlieues est prêt », ajoute-t-il.

Les reports successifs du plan banlieues, vendu comme un acte fondateur, une rupture avec le passé, dénotent une fébrilité dans le projet lui-même et son élaboration. Le président se sait très attendu, par ceux à qui ce plan s’adresse, mais aussi par ceux à qui il ne s’adresse pas directement, et qui comptent leurs sous : combien ça va nous coûter ? s’angoissent-ils déjà. Le rapport de l’homme Sarkozy avec les cités est électrique, générateur de tensions extrêmes. Nul n’a oublié les images de l’ex-ministre de l’intérieur lors de son passage sur la dalle d’Argenteuil, ni les hésitations, pour ne pas dire la peur, du candidat à organiser un meeting au-delà du périphérique, lors de la campagne des présidentielles. Il a conscience que la banlieue est un grand corps malade : chômage, ségrégation, discriminations, inégalités, violences, manque de logement.

Soit le plan banlieues est un mille-feuilles de mesures réchauffées avec quelques mots clefs et un slogan qui déchire, on l’appellera la solution pschitt. Ou alors, le président de la République prépare un feu d’artifice, et il a besoin de quelques semaines encore pour tout caler, et trouver l’argent pour financer la nouvelle civilisation urbaine. C’est bien connu, les chefs de chantier ne tiennent jamais les délais.

Antoine Menusier, Nordine Nabili

Antoine Menusier

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