Fodé Sylla, ancien président de SOS racisme et actuellement membre du conseil économique et social, vient de prendre sa première carte d’un parti politique. Il a rejoint le mouvement des radicaux de gauche. Il souhaite défendre la diversité et veut donner une meilleure image de la banlieue. Après 20 ans de militantisme, Fodé Sylla entre en politique. Ancien président de SOS racisme (1992-1999), ancien député européen (1999-2004), Fodé Sylla entend défendre la diversité, comme au sein d’Areva (nucléaire français) où il est consultant et souhaite aider les jeunes issus des quartiers difficiles.

Pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de prendre la carte d’un parti politique ?

Quand j’étais chez SOS racisme, il n’était pas question pour moi de faire parti d’un parti politique, pour ne pas brouiller ou politiser l’action. Beaucoup de personnes pensaient que j’étais communiste quand je suis entré au parlement européen, en 1994, sur la liste de Robert Hue (ancien secrétaire général du Parti communiste français, ndlr). Alors que c’était juste une liste où figurait des communistes et des non communistes, dont je faisais parti. Je suis rentré au MRG, parce que c’est un parti qui correspond à mes valeurs que je souhaite désormais défendre à travers une famille politique. Et puis je soutiens beaucoup quelqu’un comme Christiane Taubira. Pour moi, c’est une femme qui réunit plusieurs qualités. Elle défend la diversité, les problèmes de banlieue, l’immigration etc. Je me suis senti proche des actions qu’elle mène.

Que pensez-vous des débats politiques d’aujourd’hui ?

Les débats politiques actuels tournent autour des questions sécuritaires, de l’immigration et de la banlieue. J’aimerais que lorsque qu’on parle de la banlieue, on parle de diversité et ne pas la catalogué de voitures qui flambent hautement médiatisé par Nicolas Sarkozy. On leur demande (aux jeunes de banlieue, ndlr) de s’intégrer, alors que ces personnes sont nées en France ! Aujourd’hui les jeunes ont besoin de croire et c’est loin d’être gagné tant qu’ils seront mis de côtés. Moi, c’est ce contre quoi je me bats.

Que pensez-vous du département de la Seine-Saint-Denis (banlieue parisienne), souvent catalogué pour ses violences urbaines ?

Je ne veux plus qu’on pointe du doigt la banlieue comme ça. C’était la ceinture rouge, après le 9.3, et maintenant le 9 cubes. Moi j’y vois un département qui réunit toutes nationalités. Pour moi, c’est un département populaire et vivant.

On a beaucoup entendu parlé de l’immigration clandestine dans les médias et les débats politiques. Qu’en pensez-vous personnellement ?

En Afrique, il y a la misère, une misère qui fait fuir les gens vers l’Europe. Les gens oublient que ces immigrés sont des hommes. Il faut plutôt réfléchir à comment trouver des solutions ensemble pour que ces immigrés ne quittent plus leurs pays. On n’arrête pas la misère par des répressions, comme veulent nous le faire croire certains hommes politiques. Je pense qu’il y a là un gros problème à régler

Vous êtes le Monsieur diversité au sein d’Areva. Quel y est exactement votre rôle ?

Je défends la diversité homme/femme, les jeunes issus de quartiers difficiles et les handicapés. Areva va, à ce propos, intégrer 100 jeunes issus de ces quartiers en 2006. Areva a, par ailleurs, signé la charte nationale d’apprentissage (mai 2005) ainsi que l’accord cadre national pour l’insertion des jeunes par le contrat de professionnalisation (septembre 2005).

Quel bilan tirez-vous de SOS racisme ?

C’était il y a 20 ans déjà. Harlem Désir était le symbole d’une génération. Quand je lui ai succédé, j’ai essayé de faire d’un phénomène de mode à un phénomène durable et je suis content du résultat. Quant à Dominique Soppo (l’actuel président, ndlr), je le félicite pour son travail, notamment les sans logis de Cachan.

Essi Gnaglom

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