Huitième invité de la saison, Jérôme Guedj s’est exprimé face aux blogueurs pour le Bondy Blog café. L’occasion pour le frondeur socialiste de réaffirmer ses positions sur l’aile gauche du PS. Face à Faiza Zerouala, Ilyès Ramdani et Giuseppe Aviges, le désormais conseiller d’opposition et ex-président du conseil général réagit sur l’actualité et sa position particulière de dissident. 
Jérôme Guedj a perdu il y a un mois tout juste son siège de président du département de l’Essonne (91). Après cette défaite électorale, il a déclaré « on va droit dans le mur ». Dans un édito, Idir Hocini souligne que « la victoire a mille pères quand la défaite est orpheline ». L’invité, s’il se considère « aussi responsable », accuse clairement le gouvernement. Pour lui le PS aux municipales et aux départementales « paye la politique nationale ».
Selon Jérôme Guedj, être frondeur est un état d’esprit. Celui du Bourget, où le candidat Hollande affirmait « mon ennemi c’est la finance ». Que de chemin parcouru depuis ! Ilyès tente de le faire réagir sur ce qu’il a obtenu avec ce statut et cette attitude. Il s’y reprend à plusieurs fois pour obtenir une réponse évasive : « sur quelques sujets, il commence à y avoir un petit frémissement ».
Trois ans après les élections, Faiza propose à l’invité un petit bilan d’étape. Que retiendra t-on du mandat de François Hollande ? Malgré le mariage pour tous, « progrès de l’égalité », il faut dans les deux années à venir « quelques éléments forts ». L’ex-député regrette aussi le manque de courage politique du président sur le droit de vote des étrangers aux élections locales : « j’aurais aimé qu’on y aille dans la baston ». Non sans humour, il s’autoproclame « le dernier des Hollandais » favorable à l’application des 60 propositions du programme électoral du président.
Sur l’actualité et la présentation à Créteil par Manuel Valls du plan antiracisme vendredi 17 janvier à la préfecture de Créteil, les blogueurs sont critiques. À travers la conférence de rédaction, ils s’insurgent contre le fait que ce dispositif soit porté par l‘ancien maire d’Évry, qui en 2009 avait déclaré sur une brocante vouloir « quelques white, quelques blancos ». De plus, le choix des termes « racisme et antisémitisme » passe mal, ils souhaitent que l’on lutte « contre tout les racismes » en « utilisant soit tous les termes, soit un seul », et notant « deux poids deux mesures » notamment sur le traitement des actes islamophobes. Quelque peu agacé, Guedj supplie « ne nous opposons pas dans une concurrence victimaire ». Selon lui « chaque fois qu’on s’en prend à un musulman, un juif ou un catholique, on s’en prend à la République ». Il s’appuie sur son expérience à SOS racisme. Depuis, pourtant la xénophobie a évolué. « Dans les années 90, c’était le fait d’être arabe qui était mis en cause, pas la question religieuse ». Enfin, Jérôme Guedj considère que « le combat antiraciste devrait être celui contre les discriminations », et revient sur le recrutement par CV anonyme qu’il a mis en place au Conseil Général.
Autre thématique, celle du naufrage. Le 19 avril dernier, disparaissaient près de 800 migrants en Méditerranée. Pour le frondeur, la France doit avoir « la fierté de se battre pour défendre une certaine idée de la dignité » dont il faut « assumer les conséquences ». Si l’urgence est de « sauver des vies », il milite également pour un « plan Marshall de développement de l’Afrique ». Concernant l’immigration, la gauche renonce aujourd’hui selon lui « parce qu’une partie de la société est plus frileuse et moins généreuse » et devrait assumer « un discours qui ne soit pas celui de l’immigration zéro ». Il faut « s’attaquer aux racines du mal » car « quand on réduit les inégalités sociales, on construit un monde plus solidaire ».
À l’heure de l’addition, Nassira El Moadem est précise. Elle présente à l’invité qui est président du conseil d’administration de l’OPIEVOY (Office public de l’habitat interdépartemental de l’Essonne, du Val-d’Oise et des Yvelines) un rapport sur le logement social qui décrit les problèmes d’habitation d’offices HLM en Ile-de-France. Celui-ci souligne notamment des charges très élevées et des résidences dégradées. Jérôme Guedj, qui tempère et rappelle les points positifs du rapport affirme : « partout où nous avons pu, nous avons lancé des opérations de réhabilitation ».
Pour la douloureuse, on parle d’argent, l’œil de Nassira El Moadem scrute les revenus de l’élu, qui déclare au Bondy Blog 7000 euros par mois comme haut fonctionnaire (inspecteur général des affaires sociales). Il « ne veut pas faire de la politique une profession », et trouve « sain que les élus aient une prise avec les métiers du service public ».
Jérôme Guedj conclut l’émission sur le thème de l’abstention, qui est selon lui liée à « une gauche qui singe la droite, et une droite qui singe l’extrême droite ». Il appelle de ses vœux une « droite qui s’affirme et une gauche décomplexée » tout en souhaitant, on s’en doute, représenter la seconde.
Mathieu Blard
Bondy Blog Café : le dimanche 3 mai à 12h sur France Ô et à 13h sur LCP

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