Parmi les personnes que je connais, amis ou simples relations, peu auront l’âge de voter en Avril 2007. Pourtant, un grand nombre d’entre eux a déjà un avis sur la question, et suit de très près la campagne présidentielle. Beaucoup ont déjà « leur » favori, celui qu’ils (ou elles) soutiennent : Sarkozy, Royal, Bayrou, Le Pen… mais aussi des candidats moins importants comme Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Olivier Besancenot. D’autres n’ont pas encore d’avis précis, mais ont de la sympathie pour tel ou tel homme politique, tel parti, ou une mouvance (centre-droite, gauche…). Enfin, il y a ceux qui ne s’intéressent pas à la vie politique en particulier mais qui aimeraient tout de même faire entendre leur voix, peser dans le scrutin.

Fabien a 17 ans ; il soutient la droite, même s’il ne sait pas encore quel candidat aurait sa voix. A quelques mois près, il ne pourra pas voter. Pourtant, ça ne l’empêche pas de s’informer chaque jour sur la campagne et de regarder attentivement les sondages pour voir si ses « champions » montent ou baissent… Céline, elle, aura 18 ans début juin. Elle ne s’est jamais intéressée à la politique mais se sent frustrée de ne pas pouvoir voter: « J’aurais quand même bien aimé donner mon avis ». Cela confirme que contrairement à une idée trop souvent répandue, les jeunes s’intéressent à la politique, et même assez tôt. S’ils n’ont pas la majorité, ils doivent se contenter d’espérer – ou parfois tenter d’influencer le vote de ceux qui ont 18 ans !

Au nombre de ces derniers, un de mes amis m’a confié que c’était parfois stressant : beaucoup de ses camarades de classe lui demandent à qui il a l’intention de donner sa voix. Il a pris pour habitude de dire qu’il ne sait pas encore, car sinon, il arrive souvent qu’on lui fasse des critiques sur son choix, qu’on essaie de le pousser à voter pour quelqu’un d’autre, faute de pouvoir voter soi-même. Je me pose donc une question : ne serait-il pas plus judicieux de proposer le vote à partir de 16 ans ? Ca peut sembler trop jeune, mais après tout, il y a moins d’un demi-siècle, on imaginait encore mal que le vote puisse être permis dès 18 ans. Bien sûr, on peut se dire qu’autoriser les jeunes à voter dès 16 ans poserait ensuite la question d’abaisser ce droit à 14 ans, etc. Mais je crois qu’on évolue bien plus entre 14 et 16 ans, qu’entre 16 et 18 ans.

A 16 ans, est-on assez mûr pour choisir un candidat ? Après tout, à cet âge, tout le monde ne s’intéresse pas à la politique. Quand on voit le taux d’abstention chez les 18-20 ans, on peut supposer qu’il serait encore plus élevé chez les 16-18 ans. Ce à quoi je répondrai qu’avoir le droit de vote n’engage à rien. Si on ne se sent pas capable de faire un choix réfléchi et personnel, on n’est en aucun cas obligé d’aller voter. Personnellement je trouve que c’est du gâchis de voir des jeunes qui ont le droit de voter et préfèrent s’abstenir, sans même se renseigner sur la campagne, alors que d’autres auraient aimé le faire, auraient voulu soutenir un candidat ou un parti, et ne le pourront pas juste parce qu’ils n’ont pas l’âge. C’est même assez injuste.

Moi j’aurais bien aimé m’exprimer durant cette campagne. Je soutenais Nicolas Dupont-Aignan, candidat de l’UMP en opposition avec Nicolas Sarkozy, notamment sur la question européenne. Malheureusement il n’a pas eu ses parrainages. Privé de « mon » candidat, je serais assez tenté par François Bayrou, car je ne souhaite pas me tourner vers les extrêmes, et je n’apprécie ni Ségolène Royal ni Nicolas Sarkozy. François Bayrou apparaît à mes yeux plus sérieux que les autres. Après la présidentielle, j’aurais aussi voulu pouvoir participer à la série d’élections qui va suivre. Et je sais que je suis loin d’être le seul dans ce cas. J’aimerais beaucoup savoir s’il y a d’autres personnes de mon avis, et, si non, pourquoi elles pensent qu’il ne faudrait pas faire voter les jeunes dès 16 ans.

Aurélien Denizeau (Lycée Jean Renoir)

Aurélien Denizeau

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