Ou sont passé les chevaliers de la table ronde « jeunes-police » ? C’est la question que pose indirectement le journaliste Luc Bronner dans son dernier article paru dans le journal Le Monde du 1er septembre, intitulé « L’étonnant casting de la table ronde jeunes-police », organisée place Beauvau sous l’égide du nouveau ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux et sa grande amie Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de « la lutte contre la burqa ». Cette réunion, organisée à la sortie d’un été émaillé de multiples affrontements entre bandes de jeunes et la police, se voulait le point de départ du dialogue entre les forces de l’ordre et notre jeunesse rebelle.

Malheureusement, nos dirigeants politiques n’ont pas su ou pas voulu s’inspirer de la légende arthurienne, qui sous le règne de son roi assurait la paix du royaume en réunissant en assemblées les plus preux de ses chevaliers qui héritaient de leurs places uniquement sur leurs mérites et étaient à ce titre tous égaux.

Nous aurions trouvé pertinent de transposer en 2009 cette sagesse médiévale et de réunir les principaux acteurs concernés par la problématique sécuritaire qui étrangle nos quartiers populaires. Ce ne fut malheureusement pas le cas : les associations présentent ce jour-là avaient été sélectionnées selon la règle de l’accointance, avec les NPNS*, Sos Racisme et autre APCR*, conçus principalement comme marchepied vers le pouvoir et de fait tristement serviles à toute autorité. A une exception notable, l’association Zy’va qui, contrairement aux précitées, possède une véritable assise territoriale et traite lucidement avec les pouvoirs en place uniquement dans l’intérêt de son précieux rayonnement sur ma ville de Nanterre.

En effet, Zy’va, riche de ses 400 adhérents et de 70 bénévoles, agit quotidiennement depuis 15 ans sur le quartier du Petit Nanterre contre l’échec scolaire, l’inculture et la délinquance. A cela s’ajoute une initiation novatrice à la démocratie à travers des « Zy’va débats », où des familles entières (de la grand-mère en cours d’alphabétisation ou de théâtre, au petit dernier en soutien scolaire, en passant par des sorties culturelles) peuvent interpeller directement toutes les personnalités politiques, économiques et scientifiques du pays qui raffolent de cette immersion populaire de bonne tenue.

Certes, Zy’va ouvre ses portes à l’ensemble de la classe politique, y compris à un ancien candidat à la présidence de la République qui pour régler les problèmes de violences voulait subtilement karchériser nos cités. On connaît les résultats près de quatre ans après les émeutes de banlieues : on organise encore des tables rondes faute d’avoir trouvé le Saint-Graal de la sécurité pour tous (+14% d’agressions entre 2003 et 2008).

Le plus grave à mon sens lors de cette médiatique table ronde de la place Beauvau fût l’absence d’associations fortement présentes en banlieue comme la Fédération des centres sociaux ou bien les MJC, ou encore, pourquoi pas, l’association AC-Le Feu, fort de son tour de France des quartiers.

Ce qui est certain : que se soit sous le règne du Roi Arthur ou en Afghanistan sous le diktat des chefs de guerre ou plus proche de nous, dans les rapports entre la police et nos jeunes, l’apaisement des conflits passe nécessairement par un dialogue profond entre d’authentiques protagonistes.

Pour conclure, il faut savoir que la table ronde fut sciemment composée par Merlin l’enchanteur afin de permettre aux membres de l’assemblée d’être à égale distance par souci d’équité. On pourrait vivement s’en inspirer dans le mode d’attribution des subventions publiques afin de garantir l’indépendance des associations vis-à-vis du pouvoir politique. Ces mesures sont indispensables afin d’engager un processus de réflexion sur les solutions et les moyens propices à l’établissement d’une société apaisée, sinon nous aurons droit encore et toujours à des opérations de communication.

Yacine Djaziri

*NPNS : Ni pute ni soumise 
*APCR : Agir pour la citoyenneté recrutement

Yacine Djaziri

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