Un mois après une première tentative, Prairial 21 récidive avec une deuxième lettre*, datée du 19 mars, adressée à Ségolène Royal. Ce club du PS, qui représente la majeure partie de la diversité au sein du parti, réclame une nouvelle fois une entrevue avec la candidate socialiste pour aborder avec elle la problématique des discriminations ethno-raciales en France. Le précédent courrier du 19 février comprenait une centaine de signataires (Bondy Blog du 23 février). Leur nombre a doublé depuis, tous, apparemment, militants du PS, la plupart d’origine maghrébine ou subsaharienne. Leur chef de file est une femme: Chafia Mentalecheta, déléguée nationale du parti à la lutte contre les discriminations et à l’accès à la citoyenneté. Prairial 21 s’estime snobé par Ségolène Royal. « Nous n’avons reçu aucune réponse à notre lettre du 19 février« , affirme Chafia Mentalecheta. Le dernier courrier en date est rempli de précautions oratoires. On ne sait jamais. « Des rumeurs venant de Solférino (le siège du PS, ndlr) laissent entendre que le parti cherche déjà d’éventuels responsables d’une possible défaite de Ségolène Royal », ajoute la déléguée nationale. La direction socialiste pourrait être tentée de faire le ménage dans les instances lors du prochain congrès national.

A première vue, on ne comprend pas trop ce qui provoque le mécontentement de Prairial 21. De tous les prétendants à l’élection présidentielle, la candidate du PS est celle qui semble s’investir le plus dans les questions de lutte contre les discriminations. C’est elle qui, la première, s’est rendue à Clichy-sous-Bois pour y signer le contrat social et citoyen d’AC Le Feu. C’est elle encore qui, demain samedi, participera au Parlement des banlieues, à Villeurbanne (69), dont le Bondy Blog rendra compte dans tous ses aspects. Poudre aux yeux que tout cela, réplique Prairial 21. Dans sa lettre du 19 mars, cela donne: « (…) depuis le début de la campagne, nous constatons l’apparition d’indices révélateurs qui laissent penser qu’au-delà des slogans, des discours et de l’éloge de quelques initiatives citoyennes, nos électeurs potentiels nous jugeront certainement sur notre capacité à porter leur aspiration à être reconnus de manière définitive dans notre société. »

Entre les lignes, on lit la déception des acteurs de Prairial 21. Ils considèrent être les véritables interlocuteurs de la direction du Parti socialiste sur les questions de discriminations. Or celle-ci ne les reçoit pas et ne les écoute pas, déplorent-ils. « Lorsque nous tentons d’attirer l’attention de François Hollande, le premier secrétaire, ou de Ségolène Royal sur ces sujets, explique Chafia Mentalecheta, on nous rétorque que le parti a déjà ses spécialistes en la matière, Malek Boutih, Fadela Amara, de Ni putes ni soumises, ou Safia Otokoré. Nous ne sommes pas de cet avis. » Les signataires de Prairial 21 pensent avoir plus de légitimité sur ce plan-là. D’où leur offensive en direction de Ségolène Royal. Ils ont des propositions très concrètes à lui faire, en matière de logement, notamment, mais là n’est pas l’essentiel, selon eux. Reprises par un candidat, quel qu’il soit, les propositions sont comme les paroles: elles s’envolent.

Samedi soir à Paris, dans les salons Vianey du 12 ème arrondissement Prairial 21 organise un dîner-débat consacré à l’ensemble de ces questions. « Nous y avons invité tous les responsables de la direction du PS, précise Chafia Mentalecheta. Le numéro du couteau qui y sera envoyé nous renseignera sur le sérieux que le parti accorde à notre initiative. »

Antoine Menusier.

* Pour lire la lettre de Prairial 21. COURRIER_PRAIRIAL_2.doc

 

Antoine Menusier

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