Au petit matin, dans le monde merveilleux de Twitter, Said Mahrane, reporter du Point, lâche le scoop du siècle : Nicolas est en terre de banlieue, chez nous dans le 9-3, plus précisément à Drancy. Quelques minutes plus tard, la dépêche d’i-télé raisonne comme une révélation divine : Nicolas Sarkozy s’est rendu ce matin à la mosquée de Drancy. Il est venu  rendre visite à l’imam Hassan Chalghoumi.

Arrivée sur les lieux vers 12H30, aucun responsable n’est présent, aucune information sur l’endroit où il se trouve.  Assez sceptique, je décide de frapper à la direction de la mosquée.  Je tombe sur un type, la quarantaine, venu pour un dépannage informatique.

On engage la conversation. Je le questionne sur la venue du président de la République, il semble ne pas être au courant. Commence alors un long échange. J’apprends que cet homme est un Algérien naturalisé Français. De l’autre côté de la méditerranée, il était ingénieur. On papote politique. Il nous avoue, tel un pêcheur dans un confessionnal : « Vous savez, je regrette un truc. En 2007, j’ai voté Sarkozy, et j’ai longtemps regretté mon geste ».

Surprise par  la réponse, il explique qu’il ne voulait pas voter Royal, avouant à demi mot qu’il pensait qu’une femme ne pouvait pas assumer les fonctions d’un chef d’Etat. Il rit quand je lui fais remarquer que la campagne de  Ségolène Royal en 2007 semblait  beaucoup plus attractive que celle menée par son ex- conjoint, le candidat socialiste actuel.

Notre conversation est interrompue par la venue d’Hassan Chalgoumi et des différents responsables de la mosquée. L’un d’eux me confirme la présence du président ce matin. Un homme montre une photo d’Hassan Chalgoumi avec Nicolas Sarkozy prise il y a quelques minutes.

Je me dirige alors  vers la mairie de Drancy. Même scénario, personne à l’horizon à part la pluie. Une fois à l’hôtel de ville,  personne ne semble au courant  de la visite présidentielle : » Je ne le savais même pas, vous venez de me l’apprendre » me dit la dame à la réception.

J’interpelle un jeune posté devant la mairie, qui me dit qu’il l’aurait aperçu devant l’espace culturel. Une fois sur place, on m’affirme qu’il n’est pas venu ici, car si c’était le cas « la mairie aurait fait appel aux techniciens du son de l’espace culturel ».

Je me rends en face, au collège Pierre Sémart.  Je demande à des ados si au collège on leur avait communiqué l’information. Elles me répondent que non et l’une d’elle rajoute : « Dans ma classe, certains disaient qu’il allait venir à la cité « . Je repars bredouille. Je n’ai pas vu le président. D’ailleurs personne,  à part à la mosquée, ne semble l’avoir vu, ni avoir été au courant de sa venue. Et pour cause, même les rédactions des grands médias n’ont su la nouvelle de sa visite que le matin même, à peine deux heures avant son passage dans le 9-3.

Sur le chemin du retour, je me demande pourquoi. Pourquoi le président s’est-il rendu en ninja à Drancy ? A-t-il eu peur de se confronter à ce territoire qui attend toujours le plan Marshall que le président lui avait promis en 2007 ? Est-ce pour cela qu’il n’a toujours pas répondu à l’invitation du Bondy Blog Café, notre émission politique diffusée sur LCP ? Mystère insondable de la communication politique…

Ibtisseme Zouhiri

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