En entrant dans la salle, on aperçoit une pluie de drapeaux rouges aux couleurs de Lutte ouvrière. Pas mal de jeunes, mais aussi des personnes âgées, pour la plupart militants depuis des années. Un décor assez sobre : Lutte ouvrière s’est contentée de quelques lumières et d’affiches.  Quelques grands panneaux également mettent en évidence certaines de ses propositions : interdiction des licenciements, échelle mobile des salaires ou encore contrôle des travailleurs sur les entreprises…

Dès l’arrivée d’Arlette Laguiller et de Nathalie Arthaud, la foule se lève en agitant les drapeaux rouges et en chantant un hymne à la révolution. Les journalistes se précipitent pour photographier ou filmer les deux vedettes du soir, assises côte à côte à la tribune. Les applaudissements durent près de cinq minutes pour les encourager.

A la fin du chant, Arlette Laguiller lève le poing, symbole de la résistance. Elle ouvre le bal par « Mes chers camarades, mes chers amis ». On découvre une militante toujours aussi combative dans ses propos pour défendre la classe ouvrière et qui ne se gêne pas pour qualifier Nicolas Sarkozy de « coquette ». Les militants se mettent à rire. Elle dénonce l’attitude du président qui fait campagne en n’ayant toujours pas annoncé officiellement sa candidature. Les militants, attentifs, semblent ne pas perdre une seule miette de son discours. Ils applaudissent lorsqu’elle présente les autres camarades assis à ses côtés à la tribune. Notamment Danielle Hanryon, agent de sûreté à Roissy et animatrice de la dernière grande grève fin 2011.

Au tour de Nathalie Arthaud de se lancer dans l’arène en reprenant le slogan mythique d’Arlette « Travailleuses, travailleurs, camarades et amis ! » Elle va droit au but en revendiquant être « la seule candidate communiste ». Une manière d’affirmer sa différence et de garder ses distances avec le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Des le début de son discours, elle dresse un constat de la société où « tout s’achète et se vend » et où, « pour être libre, il faut être riche ». Où sont la justice et l’égalité quand les uns passent leur vie au travail alors que d’autres brassent des milliards prélevés sur l’exploitation ? Elle explique que, dans ce système capitaliste, il y a « pas de place pour la fraternité », seuls comptent « la rentabilité et le profit ». Et quand elle ajoute, à propos des plus riches, que « le luxe compte plus que la vie humaine », les militants crient « bravo ! »

Dans son discours, tout le monde en prend pour son grade, notamment François Hollande, dont elle

critique les annonces : avec le « contrat génération » ou la création de 60.000 postes dans l’éducation, on se contente du strict minimum, selon elle. Et ces mesures seront conditionnées par la croissance. Elle estime que si Hollande devient président, il fera comme tous les autres : sa conduite sera dictée par le patronat et il continuera la politique de Nicolas Sarkozy.

Quand elle évoque l’intervention télévisée du chef de l’État le 29 janvier et les 16 millions de téléspectateurs recensés par l’audimat, elle fait rire toute la salle en précisant que c’est, selon elle, le nombre de Français qui se sont endormis devant leur poste en écoutant les nouvelles mesures ! Dans son programme, Nathalie Arthaud annonce qu’il faudrait « exproprier les banques sans indemnités, arrêter de donner des aides aux patronat, soutenir les plus démunis en augmentant les aides sociales, augmenter les salaires et lutter contre le mal-logement en France ».

Dans la salle, les organisateurs ont accroché une grande affiche qui reprend une phrase de Karl Marx : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Une manière de les mobiliser pour qu’ils fassent entendre leur voix dans ces élections. Comme à la fin de chaque meeting, les militants, Arlette et Nathalie en tête, ont entonné en chœur l’Internationale avec le poing levé.

Hana Ferroudj

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