A la mairie du 1er arrondissement de Paris, on se croirait dans un épisode de 24 heures Chrono, tant le suspens est haletant. Nous sommes à la salle des mariages, façon Versailles. De vieilles dames sur des fauteuils, en train de prendre des notes, tout près d’un écran géant où sont affichés les résultats. C’est grâce au monsieur juste à coté. Il rentre les chiffres dans un ordinateur au fur et à mesure qu’ils arrivent.

Il est 21h31, Jean-François Legaret est à 52,80%. Seybah Dagoma (photo), elle, est à 47, 67%. A 21h41, 57,11% pour le candidat UMP, 42,89% pour la candidate PS. « C’est plombé ! » dit un vieil homme, partisan socialiste, à sa femme. « Mais non, ne parle pas de malheur. Tu vois bien qu’il y a encore d’autres bureaux dont nous n’avons pas les résultats ? » La dame a raison. 21h45, d’autres chiffres s’affichent, nous sommes maintenant à 52,04% pour le maire sortant et 47,96% pour son adversaire. Et c’est ainsi que les dernières minutes filent. Gagnera-t-il, perdra-t-elle ?

Tout à coup, un cri qui vient du couloir. Des sifflets, des applaudissements. Une partie de la salle se précipite à l’extérieur. « Qu’est qui se passe ? », s’exclament les petites vieilles. Une foule pénètre dans la salle, on ne s’entend plus. Monstre brouhaha. Une dame saute de son fauteuil : « Nous avons gagné, Martine, nous avons gagné ! »

Eh oui, sur l’écran, en grand, Legaret vainqueur. Les présents hurlent : « On est les champions ! On est les champions… » Dans le couloir, une femme agite un mouchoir, avec son portable à l’oreille, elle annonce la nouvelle en pleurant à son interlocuteur. Quelques instants après, Jean-François Legaret, sourire jusqu’aux molaires, annoncent officiellement son élection.

Dehors, quelques socialistes, visages tristes, attendent l’arrivée imminente de Seybah Dagoma. L’un d’eux crache sa tristesse : « Comment peuvent-ils annoncer les résultats alors qu’il y a encore un bureau dont nous n’avons pas eu les chiffres ? » « Tout simplement, ils les ont eus par téléphone », l’informe une dame. « Nous n’avons qu’à aller dans le 5e arrondissement, là-bas au moins, la gauche à gagner », dit un des partisans de la socialiste (faux ! C’est Jean Tiberi le sortant qui est réélu).

Seybah Dagoma arrive à pied. Tout sourire, elle commence à distribuer des poignées de mains et des embrassades. Un autre cortège, le sien, rejoint la mairie. A côté de la salle des mariages, la candidate battue rencontre le candidat vainqueur. Sans rancune, comme dit l’adage. Ensuite, Seybah Dagoma invite les militants PS à allez fêter la victoire de leur parti à l’Hôtel de Ville. Dans les escaliers, elle répond à nos questions : « Alors, quelles sont vos projets maintenant ? – Eh bien, une dynamique s’est créé. Nous allons nous battre. En plus, pour une première fois, c’est bien. – Vous avez eu une proposition de poste ? – Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c’est que je serais dans l’opposition. Vous savez, je n’abandonnerai pas. »

Dehors, sous les petites gouttes de pluie, son attachée de presse Anne Thirié, confie : « Ce qui est bien quand on perd, c’est qu’on se fait chouchouter. »

Nicolas Fassouli

Nicolas Fassouli

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