Aujourd’hui, à Colombey-les-deux-églises (Haute-Marne), au chevet de la tombe du général De Gaulle, s’achève une marche symbolique initiée par l’association, Votez Banlieue pour combattre une droite qui change à l’instar de Nicolas Sarkozy, candidat UMP. A quelques jours du second tour, Mohamed Chirani, 28 ans, diplômé de Sciences Po Paris et ses amis de promo, ont pris le départ lundi de Nogent-Sur-Seine, sac à dos, sweater blanc, bonnet phrygien rouge sur la tête et drapeau bleu blanc rouge en main pour une marche à pied de 130 km en plein cœur de la Champagne Ardenne. Ils veilleront toute la nuit avec des bougies devant la tombe du général De Gaulle. Le fondateur de la Vème République résidait dans ce village de Haute-Marne durant les temps morts de sa vie politique où il a écrit ses Mémoires. L’annonce du score en faveur de Nicolas Sarkozy lors du premier tour de l’élection présidentielle a sonné comme une alarme chez Mohamed Chirani qui s’explique pour le Bondy blog.

Pourquoi cette marche ?

Nous avons été révoltés lorsque Nicolas Sarkozy s’est recueilli sur la tombe du général De Gaulle trois jours avant le premier tour de l’élection. Or, il est clair que le président de l’UMP compte braver le gaullisme. Le général De Gaulle était un rassembleur, M. Sarkozy est un diviseur.

Pourtant la devise de M. Sarkozy dans cette campagne se résume à : « Ensemble tout devient possible »…

Je n’y crois pas un mot lorsqu’on voit comment il s’est accaparé l’appareil du parti (ndlr UMP). Avec les méthodes utilisées pour marginaliser tous ses concurrents potentiels à la présidence de la République comme Dominique De Villepin, Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo, je ne vois pas comment ce personnage politique peut rassembler. Avant même d’être élu, il a absorbé tout l’espace médiatique et politique français : il vient d’empêcher Ségolène Royal et François Bayrou de débattre sur France 2; depuis 6 mois, M. De Villepin et le président, M. Chirac, se sont effacés. Il a également stigmatisé une partie de la population dans le seul but d’arriver au pouvoir. Quand il parle des africains qui excisent leurs filles, des moutons égorgés dans les baignoires, et donne des raisons génétiques à la délinquance, il vise l’immigration d’origine maghrébine et africaine… c’est un avant goût du règne de M. Sarkozy !

Vous êtes nostalgique de la politique du général De Gaulle ?

Si M. Sarkozy est élu, nous allons assister à une rupture avec tous les présidents de la Vème République.

Vous soutenez des valeurs de droite. Comment expliquez-vous cette volonté de stopper le patron de l’UMP ?

Je porte des valeurs de droite mais pas les mêmes que celles de M. Sarkozy. Je crois que l’UMP est devenu ce que j’appelle la droite dure. Il y a quelques années, quand j’étais militant UMP, je me suis rendu compte que la droite sociale incarnée par messieurs De Gaulle et Chirac, dont je suis un admirateur, perdait du terrain.

Comment se déroule votre marche ?

Nous traversons les routes départementales et informons les habitants des villages par lesquels nous passons que Nicolas Sarkozy n’est pas gaulliste. Sur notre drapeau bleu blanc rouge, nous avons dessiné la croix de lorraine, au milieu de laquelle est inscrit : « Stop Sarko ». Cela dit, nous ne faisons en aucun cas la campagne de Ségolène Royal.

« Votez banlieues » est née en mai 2006. Quelle(s) influence(s) comptez-vous apporter ?

Nous avons monté l’association dans le cadre de cette campagne présidentielle pour encourager les habitants des quartiers populaires notamment ceux d’origine africaine et maghrébine – qui constituent un électorat qui va à l’encontre de Nicolas Sarkozy – à s’inscrire sur les listes électorales et s’exprimer par le vote. Ces gens font partie des citoyens français et peuvent peser sur la balance électorale.

Fin décembre, vous aviez organisé une marche du même genre entre Paris et Strasbourg. Quelle est la signification de cette démarche ?

Il y a un côté militant. Mais c’est aussi une quête personnelle : réfléchir sur l’action, être en contact avec la nature, les gens, le peuple, aller à la profondeur de la nation. C’est partir pour revenir plus fort, c’est partir pour être plus efficace.

Propos recueillis par Nadia Boudaoud

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