Samir Mihi se lance pour la première fois pour représenter, sans étiquette politique, les citoyens de 12ème circonscription de Seine-St-Denis à l’Assemblée Nationale. Co-fondateur du collectif AC lefeu de Clichy-Sous-Bois, il est largement devancé par le député UMP sortant, Eric Raoult (46,91 %) et Pascal Popelin du PS (28,42 %) dans ce premier tour du scrutin. Avec son score de 2,8 %, « la grande porte » lui échappe mais Samir Mihi ne compte s’arrêter au milieu du chemin : « Aujourd’hui, il faut être acteur, arrêter d’être demandeur et d’attendre qu’on améliore nos conditions de vie. Les idées et les propositions, nous les avons ». 

Au sujet du favori : « Si Eric Raoult est aussi cinglant et hargneux dans ses propos, c’est bien pour conserver ses mandats mais surtout ses revenus. Aussi, Il fait distribuer ses tracts dans les zones pavillonnaires entre minuit et deux heures du matin. Il parle aux mêmes électeurs et s’intéresse seulement à ceux qui peuvent voter ». Dimanche 10 juin, 15h. Samir Mihi arrive à l’école primaire Benoît Malon de Livry-Gargan. Petit instant qu’il se consacre pour voter après avoir passé la matinée à parcourir les différents bureaux de vote. Devoir de candidat oblige. L’enfant de Clichy-Sous-Bois continue le travail accompli par son collectif. On se rappelle, en novembre 2006, de l’accès amplement négocié au Palais Bourbon visant à y déposer le cahier des doléances des quartiers populaires recueillis lors d’un tour de France qui a duré plusieurs mois.

16h, c’est reparti. Même s’il s’est retiré d’AC Le Feu le temps de sa campagne électorale, Samir ne peut s’empêcher d’emmener avec lui Mohamed Mechmache et Abdel, membres actifs du collectif. Deux journalistes de la chaîne parlementaire, Public Sénat, l’accompagnent aussi. Direction Montfermeil et le bureau de vote de la cité des Bosquets. Une salle flambant neuve au milieu des immeubles de dix étages grisonnants, sans dessus dessous, aux fenêtres manquantes, aux barres de fer des balcons extirpées, aux antennes paraboliques parsemées sur toute la façade. A 16h20, le pourcentage des électeurs du quartier s’élève à 26 %. « Pas mal ! C’est 4 points de plus qu’en 2002″. A quelques centaines de mètres de la cité des Bosquets, autre décor. Un lieu verdoyant et fleuri entouré d’un quartier pavillonnaire et un bitume qu’on croirait ciré. Samir et ses amis débarquent devant l’hôtel de ville de Montfermeil. Il est 16h30. Les journalistes de la chaîne parlementaire ne sont pas autorisés à filmer et Samir Mihi fait une brève entrée. « C’est à la tête du candidat, remarque-t-il toujours serein. Si d’autres étaient venus avec des journalistes, ils seraient accueillis à bras ouverts ».

« Nous avons tourné la page des révoltes de novembre 2005. Sans avoir oublié la mort de Zyed et Bouna dans cette centrale électrique. Mais certains hommes politiques s’en servent encore pour attirer un certain électorat ! Le collectif Ac Le Feu a donné un élan positif aux jeunes de nos quartiers, les a mobilisé à s’inscrire sur les listes électorales et à voter. Lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, tout le monde s’attendait à ce que tout brûle. Il ne s’est rien passé à Clichy-Sous-Bois. On voit bien le changement de mentalité. Les gens de nos quartiers qui n’ont pas voté Sarkozy ont joué le jeu de la démocratie tout bonnement ». Samir a de fortes chances de se familiariser aux campagnes électorales puisqu’il compte sur les élections à venir pour affirmer la conscience citoyenne dans les quartiers et exprimer sa capacité à être acteur politique. Pardon ! « leur capacité » car Samir Mihi parle toujours au nom du collectif.

Par Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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