#PRESIDENTIELLE2017 Deuxième portrait de notre série sur ces jeunes en âge de voter pour la première fois à une élection présidentielle. C’est au tour de Sarah Nicole, lycéenne à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) de se prêter au jeu. Le cœur de cette jeune militante Les Républicains balance entre François Fillon et le vote blanc. Rencontre.

Militante « active » chez Les Républicains (LR), référente de son parti dans des lycées de Seine-Saint-Denis, déléguée au Parlement Européen des jeunes, ambassadrice de la Fédération française de débat, formatrice de graine d’orateur 93… À seulement 18 ans, Sarah Nicole sait où elle veut aller et ne cache pas son ambition. « Le but de toute ma vie, c’est de finir ministre de l’Intérieur car, pour moi, c’est le vrai ministère qui s’occupe concrètement de ce qui se passe sur le sol français« , annonce d’emblée celle qui est en terminale littéraire au lycée Léonard-de-Vinci, à Tremblay-en-France. Avant d’atteindre ce niveau, elle compte bien occuper un poste central au parti des Républicains.

Son intérêt pour la politique, Sarah le porte depuis deux ans lorsqu’un professeur d’Histoire de son lycée lui parle de Sciences-Po. C’est le déclic. « J’ai alors commencé à m’intéresser de près à la politique. J’ai découvert que c’était un milieu sans cesse en évolution et qui était même à la base de toute évolution. Je veux être sur le terrain avec une volonté d’améliorer le quotidien des gens« , affirme la jeune originaire du quartier des Sablons à Sevran. Déléguée de classe depuis la classe de sixième, Sarah a toujours eu l’ambition de représenter les gens, d’être leur porte-parole, d’aller à leur rencontrer, rapporte-t-elle. « Je n’ai fait qu’un an de pause dans mon mandat de délégué« , plaisante la lycéenne.

Juppé, « le grand amour ! »

Élevée dans une famille qui vote plutôt à gauche, la première personnalité politique que Sarah Nicole est allée voir en meeting, c’est Jean-Luc Mélenchon, il y a deux ans. « Son discours ne m’a pas plu. Au bout de deux minutes, je me suis dit : c’est juste pas possible ! », raconte-elle en souriant. Elle s’intéresse ensuite au Parti socialiste, va voir Jean-Marc Ayrault mais là aussi « beaucoup de choses ne (lui) convenaient pas ». À la maison, ses idées politiques donnent lieu à des « débats animés » avec sa mère, directrice d’un service d’accompagnement pour les jeunes en difficulté scolairement ou dans la vie, à Tremblay, qui a toujours voté à gauche.

C’est alors que la jeune femme croise la route d’Alain Juppé. « Ça été le grand amour« , plaisante-t-elle. Et d’ajouter : « Son discours politique m’a tout de suite plu, notamment sur l’aspect économique et il y a une partie un peu moins rigide et conservatrice que certains autres candidats de droite. Dans le public présent à ses meetings, j’ai retrouvé une vraie diversité : des jeunes, des vieux, des Noirs, des Blancs, des Arabes, des Chinois, de tout« . Il y a un an et demi, elle décide de prendre sa carte d’adhérente chez Les Républicains et fait une « grosse campagne » pour le maire de Bordeaux. « J’ai été à tous les meetings, je me suis levée tôt pour tracter à Tremblay, j’ai collé des affiches, j’ai fait beaucoup de communication sur les réseaux sociaux aussi« , détaille celle qui veut prouver que la droite existe dans le 93.

Déçue par le résultat de la primaire de la droite et du centre qui a vu François Fillon l’emporter, Sarah Nicole ne sait pas encore si elle votera pour l’ancien Premier ministre. « Les affaires dans lesquelles il est impliqué me posent problème. Pour moi, le Président de la République doit incarner une certaine éthique. (…) Ceci dit, François Fillon a la carrure d’un chef d’État, un programme économique affirmé, il est porté sur les nouvelles technologies et je pense qu’il pourra faire face à Poutine et Trump« , explique-t-elle avant de nuancer : « Je pense que mon choix va vraiment s’affirmer après les débats entre les principaux candidats à l’élection présidentielle. Ce sera François Fillon ou le vote blanc« , tranche-t-elle.

« Je suis triste que mon premier vote ne soit pas un vote d’adhésion »

Ce que Sarah Nicole attend surtout, c’est de voir un vrai débat d’idées entre les candidats. Elle estime que, pour l’heure, la campagne pour la présidentielle « tourne à la guerre d’égo ». « J’ai envie de kiffer en regardant un débat de la présidentielle où l’on s’arrache la tête, où chaque candidat défend ses idées et prône ses mesures phares. Pour l’instant, ce n’est pas le cas et à 40 jours de l’élection, c’est désolant », regrette celle qui nourrit une passion pour l’art oratoire et semble en maîtriser les codes. « Je suis triste que mon premier vote ne soit pas un vote d’adhésion », lâche-t-elle, dégoûtée.

Quand on l’interroge sur un éventuel second tour Macron-Le Pen, comme le prédisent les sondages, Sarah est embêtée mais assure qu’elle ira voter. « Je ne pourrais jamais voter Le Pen, car je ne peux pas voir la France tomber dans un extrême, qu’il soit de droite ou de gauche. Et pour moi, Macron est trop jeune pour occuper la fonction. C’est une illusion totale, il n’a pas d’idée, pas de programme. Ça me ferait mal au cul de voter Macron« , avoue-t-elle. Si elle avait un message à faire passer, la lycéenne voudrait que les jeunes s’engagent davantage en politique et qu’ils prennent les devants s’ils souhaitent trouver une personne qui les représente.

Kozi PASTAKIA

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