#PRÉSIDENTIELLE2017 Nouvel épisode de notre série sur ces jeunes qui vont voter pour la première fois à une élection présidentielle. Rocile a 18 ans et ce scrutin, c’est une grande première pour elle, pas uniquement en raison de son âge. La jeune étudiante vient d’être naturalisée. Et ce droit de vote qu’elle vient d’acquérir grâce à la nationalité, elle compte bien en faire usage. Rencontre.

Un beau maquillage travaillé, de longs cheveux bruns et un sourire discret, Rocile Nsimba, détendue, jette de nombreux coup d’œil à son téléphone. La jeune fille de 18 ans finira par avouer d’un air faussement gêné que ses notifications proviennent de sa chaîne YouTube. Le maquillage, la mode et son intérêt pour les stars YouTubeuses américaines, ont fait naître « Rocile channel », sa propre chaîne vidéos. Très active sur les réseaux sociaux, elle explique que la politique l’entoure toujours. Voter, c’est pour elle un devoir qu’elle veut accomplir.

Née au Congo, Rocile, arrive en France à l’âge de 4 ans. C’est à Pantin (Seine-Saint-Denis) qu’elle fait ses classes et surtout qu’elle se construit. « Même si je ne suis pas née en France, j’ai la culture française ancrée en moi ». En France, naîtront son frère et sa sœur. Ses parents, eux, sont tous deux nés au Congo. C’est grâce à son père, de nationalité française, que la jeune femme entreprendra la longue démarche pour être naturalisée. Longue, c’est le cas. « En France, quand on est né étranger, il est difficile d’être perçu comme Français », explique-t-elle.

« Si je dois vivre ici quelques années encore, autant vivre avec un président pour lequel j’aurais voté »

Rocile Nsimba, étudiante, s’apprête à voter pour la première fois. Elle est devenue française en septembre 2016.

« Aujourd’hui, je suis Française. Si je dois vivre ici quelques années encore, autant vivre avec un président pour qui j’aurais voté, que j’aurais élu ». C’est la première fois que Rocile va pouvoir voter, elle qui est naturalisée depuis septembre 2016. Étudiante en langue internationale (LLCER) à l’Université de la Sorbonne Nouvelle à Paris, elle s’est sentie le devoir d’entreprendre toutes les démarches pour pouvoir être entièrement française.

La politique, elle s’y est réellement intéressée que depuis les attentats de 2015. Avoir 18 ans et se sentir majeure a déclenché en elle un besoin de s’informer davantage sur la politique française. « J’essaye de comprendre les enjeux, de réfléchir pour quel président je vais voter, de me demander qui va être le plus à même de me représenter. Je me force. Oui, il faut se forcer pour ne pas le regretter. C’est notre avenir qui se joue ».

Elle s’agace de ne pas se sentir incluse dans les débats, en veut à ces politiques qui ne s’adressent pas aux jeunes mais essayent uniquement de convaincre les « grandes personnes ». Elle regrette tout autant que beaucoup de jeunes autour d’elle pensent que leur voix ne compte pas, qu’elle comptera que lorsqu’ils travailleront. « Ils vont voter pour le plus cool, celui qui crie le plus fort, mais ce n’est pas les élections des délégués de classe-là », dit-elle un brin agacée.

L’ultime choix dans l’isoloir

Ses amis ne parlent que très rarement du sujet de l’élection présidentielle. L’étudiante s’indigne qu’ils ne comprennent pas que la sentence approche dans quelques semaines. Sa famille ne se sent pas plus concernée : seul son père est en droit de voter, pour autant il ne le fera pas. La France a des valeurs pour lesquelles Rocile souhaite se battre. Une chose qu’elle craint : se retrouver avec un président à l’image de Trump. « Ce serait une régression pour la France », estime-t-elle. Rocile mesure l’importance d’un chef d’État pour un pays : ce dernier l’incarne dans le monde pendant 5 ans et son image et ses actes resteront gravés dans l’histoire pour toujours.

Quant à son choix, Rocile reste encore indécise, même si elle penche un peu vers Macron depuis le dernier débat. Mais le choix final, elle le fera dans l’isoloir, au dernier moment.

Célia KADI

Crédit photo : Hortense GIRAUD

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