En me rendant au QG de campagne de François Bayrou, A mi-chemin entre l’Assemblée Nationale et la Tour Eiffel, dans le quartier plutôt chic du 7ème arrondissement, je m’attendais à trouver un bâtiment somptueux avec quelques policiers et une ou deux barrières, bref le spectacle marketing d’un candidat à l’élection présidentielle. Mais pour être franc, j’avais beau rouler lentement, je suis passé devant sans m’en rendre compte… Et pour cause, une fois revenu devant le 133 bis rue de l’Université, il n’y avait guère qu’une affiche orange sur une énorme porte métallique pour me dire que j’avais atteint ma destination. « C’est ici son QG, ben là j’avoue, j’suis un peu déçu ! Ca ne paie vraiment pas de mine ! Et pour tout dire, si je dois parler de ce qui se passe dans le quartier, mon article ne va pas aller bien loin ! » 

Alors que je suis encore perdu dans mes pensées, une personne sort de l’édifice et j’en profite aussitôt pour lui demander s’il est possible d’entrer et de poser quelques questions. Elle me répond de m’adresser à l’accueil, après le second porche. Effectivement une fois à l’intérieur une seconde porte se dresse devant moi et encore une fois il me faut sonner pour entrer. Et bien ! Pour se rendre au QG de campagne de M. Bayrou, il faut être motivé. La porte s’ouvre et voilà que je me faufile entre les palettes d’affiches et autres matériels de campagne. Finalement, j’arrive à la réception et j’explique que je suis venu « pour voir le QG de campagne ». La réceptionniste a l’air un peu surprise, elle aurait préféré que je prenne rendez-vous mais tout de même, en ce weekend pascal où tout le monde semble s’être entendu sur une trêve, elle parvient à trouver un militant prêt à me recevoir.

Nous nous rendons au rez-de-chaussée dans une grande salle qui fait office simultanément de standard téléphonique, salle des télévisions et salon de discussion. On m’offre un café et me voilà confortablement installé avec le militant en question. Il m’explique que ce week-end, les bureaux sont quasi vides et que même François Bayrou lève un peu le pied afin de reprendre des forces avant la dernière ligne droite. On échange, il me donne son point de vue, me sert tout de même un peu du discours militant qu’il répète à longueur de journée lorsqu’il répond au téléphone. Nous parlons aussi du passage de François Bayrou en Seine-Saint-Denis. Il pense que son candidat est apprécié dans les quartiers et que cela se voit à la réaction des gens lorsqu’il est venu. Il me lance même que des militants UMP leur auraient demandé comment ils avaient fait et s’ils n’avaient pas embauché quelques figurants pour scander le nom de Bayrou depuis les fenêtres des appartements.

Nous évoquons ensuite le parcours personnel de mon interlocuteur : lui aussi est du Sud-Ouest (Je vais finir par croire qu’à l’UDF les Gascons, Béarnais et autres Basques ont décidé de prendre d’assaut la capitale !). Il possède une petite entreprise de confiserie mais comme elle peut tourner quelques temps sans lui et sa femme ils sont montés à Paris pour donner un coup de main. J’en profite pour lui poser la question qui me titille. Si Bayrou ne passe pas le premier tour, appellera-t-il à voter pour Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy ? Il me donne sa réponse de manière claire et univoque : l’UDF d’aujourd’hui se construit comme un parti de centre voire même de centre gauche. Dans les militants et les sympathisants, il y a autant de gens historiquement de gauche que de gens historiquement de droite ; Bayrou ne pourrait pas appeler à voter pour quelqu’un au second tour pour la simple raison qu’il trahirait forcément la confiance d’une partie de ses sympathisants. Et, d’après lui, c’est avec cette même philosophie que se construit la campagne UDF des législatives. Au passage, mon interlocuteur me glisse qu’il est personnellement un farouche anti-sarkozyste. Même si un spécimen n’est pas représentatif d’une population, je ne peux m’abstenir de penser qu’effectivement, l’UDF semble séduire à gauche.

Comme je le questionne sur la possibilité d’interviewer François Bayrou (Au Bondy Blog, nous ne désespérons jamais !), mon hôte en profite pour m’amener au premier étage, au service de presse. Visiblement ce n’est pas gagné, il y a environ 400 demandes sur la table ! Bref, nous continuons tout de même la visite des lieux. Les bureaux sont quasi-déserts, mais ce vieil immeuble possède un charme certain, à ceci prêt peut-être qu’il est impossible de ne pas tomber sur une image de François Bayrou à chaque coin de porte ! Alors qu’il me raccompagne vers la sortie, mon interlocuteur me fait soudain réaliser que ce lieu est en fait le QG de l’UDF et qu’il a simplement été réaménagé pour la campagne présidentielle. La campagne de l’UDF semble donc se faire à frais minima ! Tout de même, François Bayrou a fait un peu de place à son équipe de campagne en déménageant ses bureaux dans la très belle propriété qui se trouve entre les deux portes qui mènent au QG. Et alors que nous passons devant la bâtisse, nous apercevons quelques jeunes militants encore attablés, discutant et plaisantant sur la terrasse. Je regarde ma montre, il est 15 heures ; décidément, ce week-end pascal semble bel et bien être la « trêve des braves » !

Cédric Roussel

Cédric Roussel

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