Couleurs et motifs de toutes natures font contraste sur la moquette verte de l’espace Niemeyer. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont venues vêtues de la tenue traditionnelle de leur région, peignant ainsi une toile composite. Aux murs, des panneaux présentent différentes luttes, des Black Panthers à la révolution cubaine, en passant par le PKK et la Palestine.

Ce weekend, la conférence internationale “Youth Writing History” accueille des délégations du monde entier. Au programme des échanges, des déclinaisons variées du thème de la jeunesse, comme “la jeunesse et l’écologie”, “ la jeunesse, la militarisation et le fascisme”, ou “l’Histoire de la jeunesse (par le prisme de l’engagement politique)”.

Trois grands principes sont à l’honneur : la démocratie, les droits des femmes et l’écologie. Victor, qui participe à la mise en place de l’événement, explique comment cette conférence, la première année uniquement moyen-orientale, s’est ensuite étendue progressivement, jusqu’à sa première édition internationale, cette année à Paris. « Nous avons des délégations de tous les continents, avec des organisations aussi diverses que les indépendantistes basques ou le PC Soudanais », présente-t-il.  

Dans les différentes salles, les discussions s’engagent

Une salle en particulier est pleine d’un silence religieux. Abdullah Abbas raconte son expérience au Baloutchistan, région indépendantiste s’étalant sur trois pays, et dont la répression du Pakistan apparaît particulièrement dure. Il raconte les exactions dont il a été témoin et qui l’ont poussé à fuir son pays. Le récit des événements est poignant.

« Être ici a été empowering pour moi. J’ai pu rencontrer des activistes du monde entier et découvrir leurs combats, en plus de mettre en lumière le mien », confie-t-il entre deux sessions. Il espère que la conférence permettra de bâtir des collaborations durables et d’installer la devise : « touch one, touch all ».

L’internationale de la jeunesse

Dans une autre pièce, une jeune femme s’interroge sur le cloisonnement des luttes étudiantes. « Comment sortir de ce statut “à part” pour participer plus largement aux autres luttes ? » C’est une grande question à laquelle les intervenants ne peuvent proposer que des pistes de réponses.

Il est midi. La file se dessine dans le réfectoire. Un tumulte indissociable de langues raisonne entre les murs bétonnés et laisse deviner une générale bonne ambiance. Après le déjeuner, les ateliers reprennent sur de nouvelles thématiques et les groupes se réorganisent.

Les discussions vont bon train : Il existe plus de 115 nations indigènes rien qu’en Colombie, qui comptent 70 % de personnes en dessous de 25 ans, indique par exemple le porte-parole de l’ONIC, l’Organisation Nationale Indigène Colombienne.

Dans le salon lounge, le thème est la jeunesse et les migrations. « On ne peut pas parler de migration sans parler d’impérialisme », affirme le speaker mexicain, qui détaille plus amplement les raisons qui motivent les jeunes de son pays à tout risquer pour traverser une frontière de plus en plus dangereuse.

Salle 26, deux activistes, l’un Américain et l’autre Iranien, discutent d’économie, d’impérialisme, de militarisation et de précarité de l’emploi des jeunes.

Des membres de la tribu autochtone brésilienne Guarani Kaiowá et de l’association Retomada Aty Jovem

En tant que jeunes, nous allons devoir être acteurs de la transformation mondiale

Peu importe les tensions internationales ici, tout le monde poursuit le même intérêt général. Amidou Diamoutene, qui représente l’Union des associations pour le développement et la défense des droits des démunis au Mali, résume : « En tant que jeunes, nous allons devoir être acteurs de la transformation mondiale, contre le néocolonialisme et l’impérialisme. » 

Il poursuit : « Je suis venu à la fois partager mon expérience et apprendre de mes camarades, c’est comme ça que nous serons plus efficaces dans nos luttes à tous. »

« Nous voulons que notre combat trouve un écho au-delà de notre pays »

Après avoir appris et échangé toute la journée, une pause est la bienvenue. Le séminaire “philosophy of women’s liberation” vient clore les échanges intellectuels de la journée, avant un final culturel et participatif, la soirée musicale open mic.

Et Kuñataĩ Yvotygu, venue représenter la tribu autochtone brésilienne Guarani Kaiowá et l’organisation Retomada Aty Jovem de conclure : « Dans notre cas, nous voulons casser l’image que les tribus indigènes se sont arrêtées dans le temps. D’une manière plus générale, nous voulons que notre combat trouve un écho au-delà de notre pays. »

Ambre Couvin

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