Pour la deuxième année consécutive, la Coupe Nationale des Quartiers de Créteil met à l’honneur le football féminin à travers un tournoi dédié. Juste avant la finale masculine, la grande finale féminine se tiendra ce vendredi 30 juin, à Créteil. L’affiche ? France-Tunisie, Le BB a suivi le tournoi féminin organisé en 17 juin dernier. Reportage.

Samedi 17 juin. Stade Dominique-Duvauchelle à Créteil. Aux alentours de 14 heures, le premier coup de sifflet retentit et annonce le début du tournoi féminin de la Coupe Nationale des Quartiers (CNDQ). Cette fois, pas de fumigène ou d’envahissement de terrain mais un petit comité d’une soixantaine de personnes est présent aux abords des terrains. Parmi eux, des proches des joueuses venus les soutenir. C’est le cas de Béatrice, maman d’Océane, âgée de 14 ans : « Je suis là depuis ce matin parce que ma fille a voulu participer au tournoi avec des copines. Elles jouaient dans le même club avant. Sa copine a constitué une équipe et elle les a rejoint. Elle joue pour le Portugal. » nous explique-t-elle. 

Cette année, la majorité des participantes ont moins de 20 ans et jouent essentiellement dans des clubs en Île-de-France ou dans les départements voisins. Béatrice nous confie même qu’Océane, actuellement inscrite chez les U14 à Issy-les-Moulineaux avec les garçons, fera ses débuts en centre de formation à l’Olympique Lyonnais dès cet été. Vous l’aurez compris, ici, à la CNDQ, on est sur du haut niveau.

C’est grâce à un ballon que j’ai réussi à faire mes premiers pas

Les matchs de cette compétition intensive s’enchaînent en parallèle sur les deux terrains voisins et les joueuses nous montrent tour à tour leur talent avec le ballon rond. Kamara, 16 ans, qui vient de jouer pour l’équipe du Mali et Aminata, 19 ans qui s’apprête à rentrer sur le terrain avec l’équipe de Tunisie, discutent durant la pause. Toutes deux prennent part à la compétition pour la première fois. « L’année dernière, j’étais venue en tant que spectatrice. Ça fait depuis que j’ai 6 ans que je joue au football. Mon papa faisait aussi du foot. J’ai suivi ses traces. » raconte Kamara. 

Pour Aminata, l’histoire d’amour avec ce sport remonte à bien plus longtemps : « C’est grâce à un ballon que j’ai réussi à faire mes premiers pas ». Quant à la question de faire carrière dans le football, toutes deux répondent par l’affirmative. « J’aimerais bien en faire un métier, si je peux. » précise Aminata qui émet quelques inquiétudes. « Vu que je suis musulmane et que je porte le foulard, en jouant au foot, c’est un peu compliqué, surtout en France. »

Beaucoup d’entre elles sont dans des cursus très sérieux, où le plaisir a parfois moins de place

Pour Jacqueline Couly, organisatrice du tournoi féminin de la CNDQ, cette compétition est l’occasion pour ces jeunes filles de se retrouver autour d’une passion commune : « L’objectif c’est de venir prendre du plaisir avec leurs copines, jouer librement, sans règles, sans les contraintes des clubs et de représenter son pays. La CNDQ permet de leur donner une fenêtre de liberté et d’amusement car, à la base, le foot c’est du plaisir. Beaucoup d’entre elles sont dans des cursus très sérieux, où le plaisir a parfois moins de place. » En plus du spectacle footballistique proposé, les filles proposent une vraie ambiance entre les matchs. Aucun doute, le pari est réussi. 

Entre deux averses, sous un chapiteau, Jocelyn, coach de l’équipe du Congo garde un œil sur le match que disputent ses joueuses, tenantes du titre de l’édition 2022. « Être championnes et devoir remettre son titre en jeu, ça met la pression. Un tournoi comme celui-ci apporte de la visibilité sur le foot féminin en général, qui est sous-représenté selon moi. Il y a énormément de talents, certains qui émergent de plus en plus jeunes, et c’est important de mettre la lumière là-dessus. » La lumière est justement de retour, le soleil finit par faire son grand retour et amène de nouveaux spectateurs. Les plus timides regardent la compétition depuis le pont qui surplombe le stade, près du métro Pointe du Lac. La loge présidentielle. 

Eva, 14 ans, a ré-installé sa chaise pliante près d’un des terrains. Celle qui joue aujourd’hui au Paris FC a participé à la CNDQ féminine l’an passé avec l’équipe du Congo. Entre deux bouchées de son sandwich merguez, l’adolescente explique qu’elle est surtout venue soutenir ses amies : « cette année, il y a le brevet. L’école avant tout ! ».

On a le présent et le futur réunis

Quelques mètre au loin, on croise Diango : « j’ai découvert ce tournoi grâce aux réseaux, l’an dernier. J’ai entendu dire qu’il y avait beaucoup de potentiel et beaucoup de joueuses professionnelles. Cette année, je voulais voir ce que ça donne. Il y a des filles qui jouent en régional et qui, de ce que j’ai pu voir aujourd’hui, elles vont vite aller encore plus loin, c’est incroyable ! ». Assis juste à côté, Mathis, joueur de la compétition masculine. Il joue juste après mais a décidé de venir plus tôt pour voir les matchs féminins auxquels certaines de ses amies participent. « En vrai ça joue ! Il y a du niveau ! » avoue-t-il.

Les matchs s’enchainent. La France et la Tunisie qui se qualifient pour la finale. Un résultat qui a créé la surprise ce dimanche à Duvauchelle.

Pour clôturer cette après-midi et avant de laisser place aux matchs masculins, Moussa Sow, fondateur de la CNDQ, Jacqueline Coly et Namnata Traoré tenaient à inviter Liana, Maeline, Chancelle, Melinda, Aude, Naolia, Julie et Wassa, anciennes participantes à la CNDQ 2022 et récemment sacrées championnes d’Europe U-17 à venir sur le terrain. « On a le présent et le futur réunis. Les pépites du football sont là. » scande Namnata Traoré, speakeuse de cet événement. 

« C’est vous qui faites ce tournoi. Le niveau que vous mettez, c’est ce qui donne de la visibilité » rappelle Moussa Sow. « Des grands gaillards, des grands darons, vous regardent à la télé. C’est ça le foot féminin ! C’est la street qui gagne ! » s’exclame fièrement Namnata. Rendez-vous ce vendredi 30 juin, à Créteil, pour la grande finale.

 

Yasmine Mrida

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