Installé depuis trois ans en Ile-de-France, je n’avais jamais vu de match au stade Charléty, pourtant, c’était dans mes projets. Et l’instauration de la gratuité a un peu accéléré les choses. Le second club de foot parisien a ouvert ses gradins pour les matchs à domicile de son équipe masculine (Ligue 2) et féminine (D1 Arkéma) jusqu’à la fin de la saison 2023-2024. L’objectif revendiqué par le Paris FC est de « renouer avec l’essence populaire du football » en offrant un spectacle sportif accessible à toutes et tous et gagner en notoriété.

Ce samedi-là, c’est match contre Dunkerque. Le Paris FC chasse les places de play-off dans le classement pour la montée en Ligue 1, les visiteurs luttent pour le maintien. Première chose positive quand j’arrive sur le parvis de stade : il n’y a pas d’attente pour y entrer. J’ai fait plusieurs stades dans ma vie et je ne sais pas pour vous, mais quand c’est le moment de faire la queue de manière générale, c’est toujours ennuyeux.

Une grande liberté de déplacement

Une fois dans l’enceinte du stade, j’ai rapidement remarqué que le placement dans les tribunes devenait aléatoire. Je me suis d’abord assis de sorte à être au centre, afin d’avoir une vue globale du terrain. À l’extrémité gauche de la tribune, un groupe d’une cinquantaine de fans donnent de la voix, chantent. Le match est plus ou moins agréable à voir. Le PFC touche le poteau sur une frappe d’Alimani Gory à la 24ᵉ minute.

Mais cinq minutes avant la pause, Dunkerque ouvre le score grâce à Enzo Bardeli, la « clim » comme on le dit dans le jargon du foot. Un but qui n’affecte pas tant que ça le public, environ 4 200 spectateurs ont fait le déplacement. Je remarque qu’il y a beaucoup de jeunes qui doivent avoir maximum 15 ans. De manière générale, ce sont des spectateurs qui sont vraiment dans la détente, venus occuper leur samedi soir par du football. Et ce n’est pas plus mal d’être dans un stade où on n’entend pas d’insultes envers un joueur adverse ou l’arbitre.

De la Ligue 2 à la Ligue des champions féminines

En deuxième mi-temps, je décide de me rendre dans la tribune supérieure. Contrairement à la première tribune où j’ai passé la première période, c’est très calme. Pas de chants, mais surtout des enfants qui s’ambiancent. À la 55ᵉ minute, Kouadio Dabila égalise sur corner et fait exulter les supporters parisiens.

Mais la joie est de courte durée, douze minutes plus tard, nouvelle climatisation dunkerquoise signée Gaëtan Courtet. Pour le reste du match, je décide de m’amuser un peu et j’intègre le kop qui aura donné de la voix toute la rencontre, de quoi me réchauffer. Mais l’ambiance de cette rencontre me laissait dubitatif sur la rencontre des féminines en Ligue des champions le mardi suivant.

Win or go home

L’obstacle est de taille pour la section féminine du PFC : terrasser Chelsea. En cas de victoire, les Parisiennes obtiennent leur ticket pour le tour suivant. Comme samedi dernier, même procédure, avec une file d’attente plus longue que la dernière fois. Une fois dans le stade, c’est une tout autre ambiance que je trouve. En prime, un stand de La Lucarne où, porté par la motivation, je décide de m’essayer aux tirs.

La Lucarne, pour la petite histoire, est un challenge qui consiste à tirer le ballon à l’intérieur d’une petite fenêtre. Je croise le fameux Djibril dit l’Ancien, un des habitants d’Évry qui a popularisé la lucarne originelle en réussissant du premier coup.

Il m’accueille, me demande mon prénom, on tape un peu la discute. Quand mon tour arrive, je suis présenté au micro, quel honneur ! Une foule derrière moi scande « Abdou ! Abdou ! Abdou ! ». Trois essais, trois échecs. J’aurais pu mieux faire, mais vous savez, les ligaments croisés…

L’épreuve de la lucarne passée, je m’installe une nouvelle fois dans les gradins, à un niveau inférieur parce que cette fois, il y a foule. Le Paris FC n’a pas le droit à l’erreur, pour encore plus promouvoir le football féminin français sur la scène européenne. Et pour rejoindre le PSG et Lyon, habituées à être qualifiées pour les phases à élimination directe.

Dans le cœur du public

C’est un record ce soir : 13 274 spectateurs, dans un stade à presque 20 000 places. C’est beaucoup plus agréable d’avoir du monde. Le match débute bien pour les Parisiennes, mais les espoirs sont douchés au bout de dix minutes par un but de Francesca Kirby pour Chelsea. Si le PFC n’arrivent pas à réussir les derniers gestes dans la surface, les adversaires sont plus chirurgicales, et avant la mi-temps Chelsea mène 2-0 grâce à Mia Fishel.

Lire aussi. PSG : rêvons plus grand, mais à quel prix ?

Pendant la pause, je discute avec deux spectateurs, Claude et Laurent. « Je suis supporter de Lyon, mais je suis venu regarder une belle affiche », me raconte Claude, Laurent est plutôt supporter du PSG mais Paris, c’est Paris, alors il soutient le PFC ce soir. Puis, on s’engage dans une longue discussion footballistique : la forme récente de l’Olympique Lyonnais, la rédemption du Racing Club de Strasbourg… Avant de se séparer pour le coup d’envoi de la deuxième période. Pas de bol pour nos Parisiennes, elles encaissent deux autres buts dans le dernier quart d’heure, anéantissant définitivement leurs chances de se qualifier pour les 8ᵉ de finale.

En quatre jours, j’assiste donc à deux défaites, mais les plus beaux moments, pour les deux sections, restent la communion entre joueurs et supporters. En fin rencontre, les joueurs et joueuses donnent leur maillot, signent des autographes, sont applaudis, prennent des photos, prennent même le temps de discuter avec des supporters. Dans ces moments-là, on est content pour eux, ils n’ont pas cette pression négative qu’on peut retrouver dans d’autres clubs. Les résultats comptent évidemment, mais en deux matchs, j’ai pu voir un aspect très humain entre joueurs et supporters, dans ces cas-là, c’est le football qui gagne.

Abdoulaye Diop

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