De loin, le stade des Pyramides de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) a la légèreté des dimanches d’été. Un tournoi de football se prépare sur le terrain. Depuis 4 ans, ce tournoi est organisé pour rendre hommage à Gaye Camara tué à 26 ans par un policier à Épinay-sur-Seine, dans des circonstances très proches de celle du décès de Nahel.

Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2018, Gaye Camara s’est fait tirer dessus, en pleine tête, par un policier après un refus d’obtempérer. L’auteur du tir avait invoqué la légitime défense et a bénéficié d’un non-lieu.

Gaye-Nahel : « Ce sont des exécutions »

Un camion calciné aux abords du stade rappelle les révoltes de ses derniers jours. « Ce qu’il s’est passé [la mort de Nahel] c’est pareil, hein. En fait, ce sont des exécutions », réagit le grand-frère de Gaye Camara, Mahamadou.

Dans le cas de Gaye Camara, les images du décès n’ont pas été diffusées. Selon son frère, les vidéos de surveillance n’ont jamais été exploitées par les juges. « On sait très bien pourquoi ils ne veulent pas donner les vidéos », lâche Mahamadou Camara. Alors que l’affaire s’est conclue sur un non-lieu, le dernier recours qu’il reste à la famille est  d’en référer à la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

« C’était notre capitaine, un bon gars »

Ce dimanche, sur le terrain du stade des Pyramides, les joueurs s’échauffent doucement. « En  2014, Gaye était l’un des premiers à nous avoir suivis dans la création du club. C’était notre capitaine, un bon gars », souligne Abdoulaye, président du FC Champs et co-organisateur de l’événement.

Avec ce qu’il vient de se passer avec Nahel, c’est encore plus le moment de défendre ces causes-là

D’autres proches évoquent son souvenir. « J’étais son animateur et avec ce qu’il vient de se passer avec Nahel, c’est encore plus le moment de venir, de défendre ces causes-là », explique Dem. Venu avec sa fille Zoé, il lui explique le sens de cet événement en lui montrant les t-shirts floqués : « Gaye, une justice pour reposer en paix ». D’autres militants sont venus apporter leur soutien, comme Assa Traoré ou le collectif Enfant Lallia.

L’événement reste globalement festif. Landry, porte-parole et speaker lance un petit blind test pour tester la culture RAP des plus jeunes. Membre du comité “Vérité et justice pour Gaye Camara”, Landry tient à préserver le côté bon enfant de ces événements. Le comité se mobilise également pour les jeunes du quartier, surtout en ce moment. « C’est important de véhiculer un message positif. Montrer que d’autres voies sont possibles pour les jeunes issus des quartiers. »

Nadhuir Mohamady  

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