Le ciel, au loin, est noir. Sombre. Couvert. Rien de palpitant, rien de très excitant. Pas comme mardi, où la municipalité de Bourg-Saint-Maurice distribuait un sachet cadeau sur simple présentation d’une accréditation « médias ». A l’intérieur, un livret faisant l’éloge de la Région, et une « flower power ». Une fleur en plastique, sorte de marguerite avec sa proéminence jaune et ses élégants pétales blancs. Et l’hôtesse de nous dire, dans un sourire qui en disait long, « à vous de découvrir ce cadeau ». A cette phrase, je ne répondis rien, sinon une discret « merci », sachant déjà que le joujou irait dans le carton des gadgets accumulés sur la route du Tour, butin destiné à mes petits cousins…

Mais j’ai vite compris que je ne pourrais offrir la marguerite à ces petits êtres frêles. Car c’était un gadget « pour vous faire rougir de plaisir ». La flower power a commencé à pousser dans les mains de chacun, en salle de presse, sous des yeux ébahis. Interloqués. Oui, mesdames et messieurs de la presse de France et de Navarre, Bourg-Saint-Maurice (nom propice à tous les dérapages olé-olé) vient de vous offrir un sex-toy « vibrant avec piles fournies ». Pardon ? Oui, vous avez bien entendu et vous ne me ferez pas répéter.

Voilà pour mardi, mais ce matin (mercredi), la fleur que la ménagère ne pourra pas bêtement planter dans son jardin, était à nouveau sur le devant de la scène, pour le plus grands plaisir des communicants de Bourg-Saint-Maurice, qui ont trouvé là motif à s’auto-congratuler. La provoc a fait parler d’elle. « C’était pour annoncer une semaine de rencontres qu’on voudrait organiser l’année prochaine », confiait, la veille, à la descente du podium officiel, le maire, très mère maquerelle. Et d’ajouter que tout le monde serait invité à cette semaine qui s’annonce inoubliable, « même les échangistes, s’ils veulent ». Alors, croyez-moi, quand un maire vous balance ça, comme ça, vous le regardez dans le profond de sa pupille et vous vous demandez s’il est sérieux.

Sophie, journaliste de RTL, est une des rares qui n’était « pas au courant, ah non, pas du tout » du plan fomenté par le maire. Alors je lui apprends de quoi il retourne, avec un brin de timidité. Elle n’a pas reçu le sachet cadeau parce qu’elle ne va « jamais en salle de presse ». Sophie sourit. Pourquoi être choqué à la vue d’un « objet qui est devenu un objet de consommation courante » ? Sophie précise : « Il y a vingt ans, ça aurait choqué, maintenant, c’est marrant. » L’ensemble des journalistes s’amuse de cette provocation, « qui n’en est en fait pas une », assure-t-elle. La venue de Nicolas Sarkozy, hier, sur l’étape du Grand-Bornand nous fit apprécier le sex-toy.

Mehdi Meklat, dans la voiture entre Bourg-Saint-Maurice et le Grand-Bornand.

Mehdi Meklat

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