Dimanche 11 septembre 2011, Théâtre de la Ville. Au cœur de Paris, près de Châtelet, je retrouve les élèves que nous avons rencontré, peu avant les vacances, pour le projet théâtre  sur l’attentat le plus médiatique du 21éme siècle. Il aura fallu un an de travail pour le présenter au public parisien. La pièce de Michel Vinaver est jouée par 44 élèves de 3 lycées de Seine-Saint-Denis. Le moment est fort pour tous le monde, 10 ans après les attentats, des jeunes lycéens vont rejouer des scènes de vie qu’ont vécu certaines victimes du 11 et certains terroristes. La charge émotionnelle est intense. Le décor plonge dans l’ambiance, une sorte d’échafaudage qui me fait penser aux décombres de Ground Zero, juste après l’effondrement des tours.

Avant que les lumières s’éteignent pour laisser place aux artistes en herbe, une personne dans le public raconte : « C’est la cinquième fois que je vais voir la pièce, depuis les représentation à Saint-Étienne ». Lassée à force ? Je lui demande : « Pas du tout, au contraire, à chaque fois, je vois des choses que je n’ai pas vu avant et très franchement, je suis bluffée».

Après cet avis élogieux, je suis pressé de voir ces jeunes, dont certains du lycée Jean Renoir à Bondy où j’ai fait mes classes, apparaître sur les planches devant le ministre de la Culture F. Mitterrand présent dans la salle. Les lumières tombent, les derniers  «chutttt ! » se font entendre, la scène s’éclaire… La première scène relate les paroles de terroriste entendues par les équipages et les tours de contrôle  avant que les avions percutent les Twins towers.

La troupe de jeunes évolue dans ce contexte, le jeu des acteurs est grave, dramatique, ils tombent au sol, chacun se relève, donnent leurs témoignages pour ensuite bientôt disparaître en retombant au sol. On découvre un spectacle plutôt original, toujours conduit à deux voix, des acteurs-narrateurs, avec une suite de témoignages joués et recueillis auparavant à travers les médias par l’écrivain, Michel Vinaver. Ils sont retranscrits sur scène de manière très artistique par le metteur en scène, Arnaud Meunier.

Les scènes de jeunes sont entrecoupées par des comédiens plus âgés jouant le rôle des narrateurs. Les terroristes, eux aussi, ont le droit de s’exprimer puisque, un d’eux lit son testament, donnant les détails de son enterrement, en ne sachant pas, que dans son cas, il n’y aura pas de corps à enterrer.

Une des meilleures scènes du spectacle est selon moi celle où l’administration politique et militaire américaine se confronte aux terroristes chacun prêchant aux extrémités de la scène. Chaque parti défend son steak sur scène et sa thèse, mais on ne peut s’empêcher de trouver une certaine similitude guerrière entre les deux discours, tous finissent par en appeler à Dieu : «  Que Dieu bénisse l’Amérique » contre « Que Dieu nous protègent ».

Lorsque les lumières s’éteignent, une standing-ovation digne des grands spectacles et des grands comédiens éclate. Mission réussie, un an pour monter un projet unique pour une expérience unique. Après 5 représentations entre Saint-Étienne et  Paris, il reste une dernière représentation au Blanc-Mesnil, le 7 octobre, avant que nos comédiens en herbe s’attaquent à un autre projet : le Bac. Ceux qui n’auront pas la chance de voir ce spectacle, il y aura un documentaire diffusé sur France 2 prochainement.

Une des accompagnatrices du projet confie : « ce n’est pas la premier fois que je vois la pièce, mais les larmes sont toujours là avec autant d’émotion et surtout ils ont été très bons cet après midi avec tous le travail effectué depuis un an, je suis fan ! ». Une vieille dame dans le public de rajouter : «  Les parents de ces jeunes doivent être fiers d’eux ! »

Amine Benmouhoub


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