Septembre est synonyme pour beaucoup de rentrée. Fini les vacances, les cocotiers et le soleil d’été. Quand certains reprennent le chemin de l’école, d’autres reprennent celui de leur métier. Nour fait les deux.

Pour ce premier jour de prérentrée, elle dit avoir la pêche. Elle peut prendre en main ses élèves grâce aux vacances qu’elle vient de passer. Sa rentrée commence à 9h, en début de semaine, un jour avant les élèves. Un peu en retard, elle manque le début de présentation du nouveau proviseur adjoint. Mais d’après les bruits qui courent on lui en donne un retour positif. Les professeurs essaient tant bien que mal d’être de « bons élèves », mais la matinée est longue. Les chuchotements et les conversations commencent entre eux. Les femmes se mettent à dévisager les nouveaux arrivants.

Nour en a repérer un, bel homme que trois autres enseignantes se disputent déjà. Pas de bague sur son annulaire, c’est bon il est célibataire! C’est aussi l’occasion de repérer les professeurs les plus bizarres, les mieux habillés, les plus intellos…une petite cour de récréation en somme! D’autres se racontent leurs vacances, complimentent les teints hâlés. Dans la salle, les professeurs trépignent d’impatience sur leur chaise et n’attendent qu’une chose avec hâte : leur nouvel emploi du temps!

Vers 11h30 les copies sont distribuées. On peut lire alors le bonheur sur certains visages quand d’autres sont complètement dépités. C’est ainsi que commencent les négociations. Une longue queue se dresse devant le bureau du proviseur adjoint. Certains veulent leur mercredi matin, pour ceux qui ont des enfants, quand d’autres maudissent le cours qui leur ai attribué un samedi matin. Pour Nour, c’est son début de semaine qui ne va pas. Pour faciliter le changement, elle s’arrange avant avec ses collègues. Elle trouve ensuite des solutions qu’elle va proposer au proviseur adjoint. Un tour de passe-passe en décalant des heures de cours et le tour est joué! Nour explique que pour les élèves ça ne change pas beaucoup de choses. Mais pour elle cela change beaucoup car elle n’a plus cette énorme trou le lundi matin. Nour est plutôt satisfaite de son emploi du temps : elle a sa journée du mardi libre, ainsi que son mercredi après-midi. Ce qui est l’arrange car elle prépare son agrégation. Elle pourra ainsi assister aux cours qui se déroulent le mardi et le mercredi. Le seul jour qu’elle regrette est le jeudi où elle enchaîne huit heures de cours. Huit heures de travail peuvent paraître normales dans un quelconque emploi, mais pour un enseignant c’est difficile. Nour explique que c’est différent car le cours dépend de l’interaction que l’enseignant va avoir avec ses élèves. D’une intervention à l’autre le cours peut se modifier et demande donc à l’enseignant d’être à 100% à l’écoute. Pour elle l’idéal pour bien assurer ses cours serait des journées de cinq heures.

Autre problème que cette enseignante soulève : la réforme du taux horaires de l’enseignement des langues revu à la baisse et le nouveau programme à préparer. La conséquence directe sur sa matière c’est qu’au lieu de gérer six classes, elle doit en gérer aujourd’hui deux supplémentaires. Ce qui a pour conséquence directe une réduction des heures de cours dans les langues. Ce qui pose problème est que le bac à préparer est de plus en plus complexes, on y demande plus de compétences. Et pourtant ce que regrette Nour c’est le peu de temps qu’on leur octroie pour boucler un programme aussi dense. Elle souhaiterait donc que les langues soient revalorisées. Car selon elle il y a une dégradation des langues vivantes. « Deux heures de cours de langues sur trente-cinq de cours c’est très peu. L’élève peut vite oublier. Donc on revient toujours sur le cours précédent; ce qui nous fait perdre du temps » explique Nour.

Cette intermède de l’emploi du temps réglé, les professeurs peuvent passer à table. C’est un peu l’occasion de renouer contact avec les anciens et aussi de créer un lien avec les nouveaux arrivants. Mais certains disparaissent pendant le repas, « sans doute ceux qui habitent loin et qui ne sont pas encore à l’aise » souligne Nour. Après le déjeuner, l’après-midi se termine avec deux réunions. Nour est coordinatrice  gérante des langues italien, allemand et espagnol. Une occasion pour elle de s’informer des besoins de chacun lors de ces réunions.

La rentrée des classes a bel et bien commencé pour cette nouvelle « écolière ». En attendant de retrouver ses anciens élèves qu’elle apprécie…et les nouveaux qu’elle appréhende, Nour savoure ses derniers moments libres avant sa rentrée officielle le jeudi 6 septembre.

Chahira Bakhtaoui

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