C’est tous les étés la même rengaine. Les médias nous gratifient des mêmes reportages sur la difficulté pour les étudiants de se loger, notamment dans les grandes villes. Les étudiants encore et toujours victimes des spéculations immobilières, des fausses. agences qui vendent des listes d’appartements à louer obsolètes, etc….

On entend chaque année les mêmes anecdotes, rien ne change. Voila ce que me dit un élève en DPECF quand je me mets à la recherche d’une chambre universitaire :

« Je viens de faire l’expérience, pour une recherche « tendance »: la colocation. Habitant à 1h30 de Cachan, je me voyais mal faire les allers et retours matin et soir, notamment en RER, vraie galère francilienne. Il m’est alors apparu nécessaire d’habiter sur place. Je me suis donc mis en chasse, avec des collègues, d’un grand logement pouvant accueillir 4 étudiants studieux, propres et bien élevés…Nous avons trouvé, nous sommes tombés sur un proprio honnête, arrangeant, soucieux du confort mais ferme sur la nécessité pour lui d’avoir le moins de problèmes possibles avec le bail et les voisins (normal, entre nous). La réalité ailleurs est toute autre, nous sommes tombés sur des appartements dans un état de délabrement hallucinants, notamment ceux loués à la chaîne par les agences locales…. »

Ainsi, dans certaines agences la colocation est un véritable marché noir. Beaucoup visiblement ne se préoccupent pas du confort, laissant à disposition des agences de superbes appartements, mais bien souvent mal entretenus, les proprios faisant confiance aux sous-traitants et ne viennent pas voir les lieux.

Inutile d’en faire une généralité, c’est évident, mais il faut quand même dire qu’il existe encore et toujours des situations préoccupantes.

Mais il y a des situations bien pires, notamment dans les centres villes ou les proprios n’hésitent pas à louer près de 500 € des « studettes » de 10m² avec les toilettes souvent sur le palier.

Dans certaines grandes villes, et tout particulièrement à Paris, après avoir connu des situations rocambolesques lors de leur recherche de logement pendant le « rush » de la rentrée universitaire, certains étudiants n’ont pu trouver que des solutions temporaires ou inadaptées à leurs besoins.

« Il y a des propriétaires qui abusent ! J’ai visité beaucoup de chambres sinistres au septième, parfois huitième étage sans ascenseur, avec des toilettes à la turque et la douche sur le palier ! Certains propriétaires ne voulaient carrément pas déclarer la location. Le record est une dame qui annonçait une surface de 10 mètres carrés pour une chambre qui ne devait pas en faire plus de quatre ou cinq. Elle demandait 450 € », raconte Mounira.

En ces temps de hausse soutenue des prix du parc locatif privé parisien, nombreux sont les étudiants qui ont connu des expériences semblables.

A la difficulté de rassembler un tel montant tous les mois sans mettre leurs études en danger, les étudiants étrangers doivent, eux, ajouter la délicate recherche d’un garant Français inspirant confiance au propriétaire. Et quand bien même ils en trouvent un, ils se heurtent parfois à de la discrimination pure et simple. C’est ce qui est arrivé à  une étudiante en BTS comptabilité. « Je comprends les propriétaires qui veulent s’assurer qu’on va les payer et qu’on ne va pas dégrader leur appartement, explique-t-elle, mais quand, lors d’une visite, un propriétaire m’a très calmement expliqué qu’il refusait de me louer son appartement parce que je suis étrangère, je me suis énervée ! Ma mère vit ici depuis des années, j’ai tous mes papiers en règle, je fais des études sérieuses, je touche une bourse et j’ai pour garant un oncle qui a la nationalité française ! Je ne suis pas une clandestine ! » Allant de refus en refus, Malika, « dégoûtée », a abandonné la recherche d’un studio qui lui permette d’habiter avec son frère, âgé de 27 ans et étudiant en architecture. Ils ont dû retourner chez leur mère, dans la banlieue Sud de Paris. Malika a retrouvé sa chambre et son frère dort dans le salon.

Mais comment faire lorsque l’on ne dispose pas d’une telle solution de repli ? Accepter n’importe quoi à n’importe quel prix ? Si certains choisissent cette option qui fait les affaires de propriétaires sans scrupules, d’autres préfèrent oublier l’image romantique de la chambre d’étudiant sous les toits pour lui préférer la solution pragmatique de l’hébergement en foyer de travailleurs. C’est ainsi qu’Andrea s’est retrouvée locataire d’un studio dans un foyer Sonacotra du XIIIe arrondissement. « Après avoir habité avec un ami à mon arrivée en France, j’ai dû chercher un appartement. Je ne connaissais pas beaucoup de monde à Paris, et, par un réseau d’étudiants, j’ai été informée de l’existence des foyers Sonacotra. J’ai réussi à y trouver un studio dont le loyer de 442 € me revient à 220 € grâce aux aides que je reçois. »

Cette solution comporte certains avantages : « C’est très calme, la laverie n’est pas chère et la situation du foyer, proche d’un restaurant universitaire, de bibliothèques et du métro, est très pratique », détaille Andrea. Mais un foyer de travailleurs n’est pas un environnement très « étudiant ».

Mounira, Malika et Andrea font ainsi partie des milliers d’étudiants qui, sans être dans des situations d’extrême précarité, poursuivent leurs études dans des cadres peu favorables à la réussite. Il me semble urgent de traiter cette dégradation discrète mais généralisée de la condition des étudiants.

Sada Fofana

Sada Fofana

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