Une dizaine d’enseignants du lycée Alfred Nobel de Clichy-Sous-Bois se sont rendus hier place de la Bastille pour le branle-bas, point de départ de la manif. Les professeurs exigent, entre autres, une négociation urgente sur la suppression de 11 200 emplois prévue dans ce secteur et sur leur salaire qu’ils estiment insuffisant.

Mais les caisses sont vides, a reconnu, un peu penaud, le président Sarkozy lors de sa conférence de presse du 8 janvier. Le chef de l’Etat serait-il plus audible à Neuilly qu’à Clichy-sous-Bois ? C’est du moins ce que fait apparaître le comparatif « made in Bondy Blog » sur la mobilisation des profs aux lycées clichois Alfred Nobel et neuilléen Louis Pasteur.

A Nobel, Daniel Peltier, le proviseur, annonce 30% de personnel de l’établissement en grève. « Beaucoup de professeurs sont en stage ou absents depuis le début de la semaine », ajoute le boss en terminant son repas de midi à la cantine du bahut. Autre son de cloche à l’autre bout de Paris. A Neuilly-sur-Seine, l’appel des syndicats à la grève a apparemment rencontré « très peu » d’écho à Pasteur. Selon son proviseur Joël Adrian, contacté par téléphone, « très peu de professeurs font grève aujourd’hui (hier) ».

J’insiste : « Combien ?  - Ici il y en a très peu », répète-t-il, l’air de dire : toi, touche pas à mes petits protégés, ce mouvement ne les concerne pas. Brigitte Biardoux, une responsable du syndicat gréviste UNSA, confirme le propos du proviseur : «Il est peu probable qu’un professeur de ce lycée de Neuilly soit membre de notre syndicat. » Je lui demande son point de vue sur la grève. Au bout du fil, je l’entends sortir sa banderole « droit de réserve » : « Je ne souhaite pas en parler », dit-il. Impossible également d’obtenir le témoignage d’un professeur de Pasteur, syndicaliste ou pas.

Ma curiosité me pousse à me rendre à Neuilly avec l’intention de parler à la sortie des classes à l’un ou l’autre de ces profs si sages. Un quart d’heure en voiture entre le lycée Alfred Nobel et la gare du RER E Le Raincy /Villemomble. Puis une heure et quart de plus avant de débarquer, enfin, sur le boulevard Inkermann, devant la façade du bâtiment en briques. Peine perdue. Déjà 17 heures, et aucun prof ne se pointe dans mon champ de vision. Où sont-ils ? En classes ? Chez eux ? A la manif (une fois cours faits) ? Mystère.

Retour à Clichy-Sous-Bois. Stéphanie Pancrate, professeur d’histoire-géo, manifestante, mise sur « une mobilisation à long terme car un ou deux jours de grève ne peuvent pas changer les choses ». Et de prévenir qu’une « demi-journée de salaire en moins ne [l]’empêchera pas de crier haut et fort [ses] idées ». Sulivan Munoz, autre professeur de Nobel, se sent « beaucoup moins seul dans cette mobilisation que M. Sarkozy ne l’est à la tête du pouvoir » et contribue fièrement à « construire un rapport de force » par le biais de la grève.

Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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