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« Après le premier déconfinement, j’avais plusieurs amis qui me faisaient part de leur difficulté à se nourrir. Certains étaient même obligés d’aller aux Restos du cœur à cause de la perte de petits boulots, des dettes qui s’étaient accumulées et de parents qui ne pouvaient plus les aider. C’est donc pour ça que j’ai créé Cop1 », raconte Benjamin Flohic, aujourd’hui président de la structure.

Cela fait maintenant quatre ans que cet étudiant breton œuvre en faveur des étudiants précaires. Son association propose à ces derniers d’avoir accès toutes les semaines à des collectes alimentaires et vestimentaires avec l’aide de 600 bénévoles.

« En quelques mois, on faisait déjà trois distributions alimentaires par semaine dans Paris avec l’aide de bénévoles. On a donné encore plus d’ampleur à notre action l’année suivante en diversifiant notre action et en ne se contentant pas uniquement d’une simple aide alimentaire », explique-t-il.

Une inquiétante hausse de la précarité étudiante

L’action de l’association est certes louable, elle témoigne cependant d’une situation délétère dans laquelle se trouvent des milliers d’étudiants. En témoigne l’étude menée l’an passé par la Fédération des associations générales étudiantes, dans laquelle 19 % des 7 351 étudiants de France métropolitaine interrogés déclaraient ne pas manger à leur faim. Dans une autre étude plus récente de l’association Linkee menée auprès de 5 115 étudiants bénéficiaires de paniers repas, un sur dix déclare avoir déjà dormi dehors ou dans sa voiture.

En l’espace de quatre ans, Cop1 aura distribué plus de cent soixante mille paniers repas. Cette distribution alimentaire est permise grâce aux dons, des achats auprès d’agriculteurs locaux ou encore de récupération de produits invendus en grande surface. Présente désormais dans plus de vingt villes de métropoles, mais également en Guadeloupe et en Martinique, l’association a aujourd’hui diversifié ses activités et propose bien plus qu’une aide alimentaire comme le détaille son président.

« Après six mois existence, on s’est rendu compte qu’il y avait une vraie problématique autour de l’isolement sociale des étudiants. On voulait mettre en place des actions liées à la culture et au sport, notamment avec des sorties entre étudiants. Tout cela est gratuit pour eux. »

Le rap comme vecteur de sensibilisation

L’aspect culturel de l’association ne s’arrête pas seulement à des sorties culturelles. Depuis l’année dernière, Cop1 a lancé son propre festival, visant à alerter sur la précarité étudiante. Au programme : des débats, des interventions de responsables associatifs et des concerts. « On était content de mettre en place un festival dans lequel le public ne vient pas uniquement pour les artistes, mais également pour l’ambiance et les interventions. Ici, les artistes et les intervenants sont sur le même pied d’égalité », souligne-t-il. « Ça nous permet de porter un message assez fort autour de la précarité des étudiants et ça nous offre une tribune sans précédent. »

Fort du succès de la première édition qui s’est déroulée l’an passé au Zénith de Paris, l’association a vu les choses en grand pour cette année. Il n’y aura pas une mais quatre dates dans toute la France pour cette deuxième édition tout au long du mois d’octobre. Après Marseille, Lyon et Angers, ce sera Paris qui marquera le point d’orgue de cette nouvelle édition, de nouveau dans l’enceinte du 19ᵉ arrondissement le 26 octobre prochain.

Guy2bezbar, S.Pri Noir, Meryl ou encore B.B Jacques font partie des artistes qui ont accepté de se produire dans le cadre de ce festival, signe d’une imbrication entre le rap et le monde associatif toujours aussi forte. « On a choisi de faire appel à des artistes hip-hop, car c’est une musique écoutée à majorité par des jeunes. Parmi eux, certains sont précaires. Ça reste aujourd’hui une musique engagée, et les artistes qu’on a sollicités sont réputés pour s’être engagés pour différentes causes. ».

L’association et son président espèrent dépasser le nombre de festivaliers présents l’an passé, tout en continuant d’œuvrer face à la situation critique à laquelle sont confrontés beaucoup trop d’étudiants.

Félix Mubenga

Photos : Lilia Aoudia

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