Cet après-midi, Bahdja, la femme de Mohammed me conduit à la Courneuve, au milieu de la fameuse Cité des 4000 pour assister au repas d’une association de lutte contre le sida dans les populations immigrées. Elle est vraiment merveilleuse Bahdja: énergique, intelligente et courageuse. Surtout elle suit ses enfants de près. Hier soir, elle a passé un savon à son garçon de bientôt 17 ans qui n’était pas rentré le soir à l’heure convenue. « Mais que font les familles de ces gamins qui traînent le soir et font de bêtises? C’est leur responsabilité de les surveiller, de leur transmettre la politesse et des valeurs éthiques. »

Dernièrement, elle a vu une bande de jeunes qui volaient sans vergogne des bonnets à une frêle Asiatique qui en vendait à la sauvette: « N’est-ce pas qu’il me va bien? Je crois bien que j’en vais prendre un pour la route », fanfaronnaient les vaux-rien, alors que l’Asiatique terrorisée essayait de les empêcher de partir avec la marchandise. Bahdja se souvient: « J’aurais voulu leur hurler que c’était honteux. Mais je n’ai pas osé. Je ne les connaissais pas et ils auraient pu me battre. »

C’est un peu le problème des cités. Trop souvent, personne n’ose dire quelque chose. Alors les jeunes perdent les repères moraux et font encore plus peur aux autres. Un cercle vicieux. J’entends beaucoup de monde ici mettre la responsabilité du mal-être ambiant sur les familles qui ont négligé leur devoir. Bien plus souvent que la discrimination que subissent les populations immigrées de la part de la population française.

Par Pierre Nebel

Pierre Nebel

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