L’amour au bout du clavier, ça fait rêver. On va sur des sites de rencontre et voilà que l’on fait une recherche de « l’homme idéal ». Meetic, be2, Attractive World (« pour célibataires exigeants précise la publicité »), tous ces sites passent en boucle dans les publicités à la télé mais la plupart du temps, il faut payer pour s’y inscrire. Payer, cela n’intéresse pas les jeunes hommes de nos jours. Cependant, depuis quelques mois, un site amuse beaucoup de gens autour de moi bien que celui-ci existe depuis plusieurs années déjà.

Son nom ? Adopteunmec.com. Le concept ? Les femmes ont le pouvoir ! Les hommes sont des objets mis en rayon que l’on peut mettre dans notre caddie. Chacun dispose d’une page pour y recenser ses détails (âge, origines, mensurations, relation souhaitée…), ses fonctions (massage, voyage, sorties, etc.), ses + produits ou encore sa promo du jour. Si la femme lui plait, il lui envoi un charme et il pourra alors la contacter uniquement si celle-ci accepte son charme. Ce que les femmes aiment d’ailleurs sur ce site, car elles sont maîtresses de la situation. Elles en parlent entre elles, peuvent faire des recherche pas localisation. De 5 à 50 kilomètres autour d’elles, la recherche peut être beaucoup plus fine : européens, asiatiques, afros, maghrébins, métisses, tout y est.

Voyant les mecs autour de moi en parler autant, j’ai décidé de m’y inscrire. Mon nom ? Poupoune. Voilà comment me surnomme une coéquipière de mon équipe depuis plusieurs années. J’y poste quelques photos de moi et remplit aussi ma page perso. Me voilà cliente du magasin à mecs ! Ma shopping-list rédigée (je recherche un homme intelligent, musclé, qui sait masser parce que j’ai un dos en papier mâché et aussi qui ressemble à un prince charmant bien entendu, il n’existe pas !) je me lance dans les recherches.

Les mecs à moins de cinq kilomètres d’où j’habite m’intéressent, car j’en connais certainement quelques-uns dans la vraie vie. Bingo ! La photo du moins m’est familière car quand je lis la page, c’est le choc. Bourrée de mensonges et d’inventions délirantes, tous ces hommes mitonnent sur leur vie, la vraie. Les prénoms changent, et le métier avec. D’ex-brancardier, voilà que Kalil (un prénom faux qu’il se donne) apparait comme ambulancier, le top du top d’une carrière réussie pour lui. On peut préciser son gabarit sur sa page, et Mouss plutôt grassouillet se prétend « baraqué et sportif ». En fait il y a du vrai, il est vice-champion d’empiffrage de kebabs de son quartier,  non  de boxe thaï comme il le prétend.

Stéphane sur le site habite seul, dans son propre appartement avec un lit « king size ». Le connaissant bien je peux vous dire qu’il romance sa vie façon Victor Hugo : il dort avec son frère dans un lit superposé, la place du haut, dans un appartement familial en banlieue et pas sur Paris comme il l’écrit.

Les accros des boîtes de nuit, alcools et fumettes en tout genre disent « ne pas tolérer la fumer » et l’alcool ? « Jamais ! ». Les petits mythos de service qu’ils sont, je les ai vus dans des états tellement laborieux que même un phoque se moquerait d’eux. Plus d’une fois ils se sont exposés, affalés sur les bancs du quartier, tels des calamars échoués sur la plage, après une nuit bien arrosée.

« Je recherche une femme qui sait ce qu’elle veut dans la vie et qui aime la famille. La beauté n’est pas une priorité pour moi mais je veux qu’elle possède une belle dentition et un cerveau bien rempli ». Voilà ce que je lis sur la page d’un type qui était dans mon lycée. Le menteur ! Il est sorti avec des filles uniquement parce qu’elles avaient un physique pulpeux et une facilité à ouvrir les bras (ou d’autres membres) à ses avances. A part leurs sac Longchamp et leurs chaussures à talons elles n’aimaient parler de rien d’autre…

Adopteunmec.com, c’est comme le marché aux puces. Vous croyez avoir fait l’affaire du siècle, vous êtes tombé sur un brocanteur qui vous a vendu un 45 tour original des Beatles pour deux ronds, mais quand vous mettez le disque dans la platine, c’est la Merguez partie des Musclés qui sort des enceintes. En amour comme en musique, toujours se méfier de l’emballage.

Inès El Laboudy

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