L’ASMAE (Association Sœur Emmanuelle), implantée dans dix pays dans le monde, existe depuis 28 ans. Elle a pour objectif d’accompagner les familles en difficulté. En 2000, elle a ouvert des foyers en France, notamment en banlieue. Nous avons rencontré Sabine Pirrovani, directrice du centre Femme-enfant, la Chrysalide, à Bobigny. « Ici, ce n’est pas le tiers-monde, beaucoup de structures caritatives sont en places », explique-t-elle. Pas une raison pour rester les bras croisés.

« Comme je travaillais déjà pour l’association et que je connaissais bien son fonctionnement, l’ASMAE m’a demandé de faire une étude en France afin d’y évaluer les besoins, raconte  Sabine Pirrovani. Nous nous sommes donc penchés sur les quartiers sensibles avec deux objectifs : d’abord, rencontrer des familles en difficulté et les soutenir, ensuite, se consacrer aux femmes et leurs enfants. »

En avril 2006, un centre mère-enfant a été installé à Bobigny. Il est financé par le conseil général de Seine-Saint-Denis. Son but est de permettre à des femmes ayant au moins un enfant de moins de trois ans de se réinsérer dans la vie active, mais aussi de s’épanouir en tant que maman. Les jeunes femmes concernées par ce programme sont âgées de 18 à 25 ans et ont été le plus souvent victimes d’agressions sexuelles, de rejet de la famille suite à la venue de l’enfant. Les enfants sans parents ont été placés. « La Chrysalide aide ces femmes à se reconstruire psychologiquement, pour éviter l’errance et ainsi le placement de leurs enfants », ajoute la directrice.

A la Chrysalide de Bobigny, les mamans ont à disposition une crèche, douze assistantes sociales, un médecin, des psychologues, des maîtresses de maison… En tout une trentaine de salariés disponibles jour et nuit. Le centre peut accueillir dix-neuf femmes avec leurs enfants. Les résidentes – comme on les appelle – ont chacune son petit appartement avec une kitchenette et une chambre pour le ou les bébés.

Les femmes secourues ont des devoirs : si elles bénéficient d’autres aides, comme celle de la mission locale, elles doivent payer un loyer et verser une contribution pour la crèche. Elles restent au sein de ce centre pour la plupart un an, voire deux ans, temps nécessaire à une réelle évolution tant du point de vue psychologique que professionnel.

« Le plus offert par le centre, affirme Sabine Pirrovani, c’est une réelle solidarité entre les employés et les femmes. Nous essayons toujours de garder le contact avec celles qui partent. Il y a également une solidarité entre les femmes elles-mêmes, qui peuvent discuter de leurs parcours et se comprendre, tout le monde se connait ici. »

Les jeunes femmes hébergées à la Chrysalide ont généralement tout perdu. Elles n’ont plus aucun soutien, ni familial, ni affectif. La directrice ajoute qu’ « il arrive parfois qu’il y ait des altercations avec les familles ou les conjoints qui veulent reprendre contact avec les mères et leurs enfants. On fait toujours en sorte que les choses s’arrangent, qu’il puisse y avoir un réel échange entre eux ».

Le calme et la paix, voilà ce que la Chrysalide veut offrir à ces femmes de courage. Le centre est d’ailleurs assez difficile à dénicher, car bien caché. « La résidence se trouve à la fois près du centre-ville de Bobigny pour que les mères puissent facilement se déplacer vers Paris mais un peu en retrait aussi pour de façon à bénéficier d’un cadre de vie sécurisant », expose Sabine Pirrovani

Des ateliers « détente » permettent aux femmes d’oublier un instant leurs tracas : théâtre, cuisine ou encore step. L’ « Ile aux enfants » (la crèche du centre) rend plus facile pour elles la recherche d’un travail. Elles peuvent y déposer les enfants et les récupérer en fin de journée. Mais il arrive que la mère n’aille pas très bien, alors l’enfant sera placé pendant quelque temps chez une assistante maternelle.

« L’endroit où nous sommes était auparavant un hôtel avec des chambres insalubres », nous apprend la directrice du foyer. La Chrysalide est une véritable issue de secours pour certaines femmes en détresse. L’association souhaite s’agrandir et aimerait avoir des bénévoles à ses côtés pour soutenir son action auprès des femmes et de leurs enfants.*

Ndembo Boueya et Zineb Mirad

*Si un travail bénévole à la Chrysalide vous intéresse, envoyez votre candidature par e mail à : chrysalide@asmae.fr.

Ndembo Boueya

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