A l’hôpital Jean Verdier de Bondy, les médecins ont vu les victimes arriver à la chaîne. « Le premier et seul tube de sang est arrivé à 14h30, raconte cette laborantine au service des analyses médicales. Mon responsable m’a demandé de le traiter en urgence ». A ce moment-là, le personnel médical n’a ni connaissance ni conscience de la gravité des faits. Une heure plus tard, le service des urgences prévient l’ensemble du personnel de l’hôpital. C’est l’alerte rouge.

Plutôt ce qu’on appelle à Jean Verdier, l’alerte blanche : « Je venais de traiter la prise de sang du premier patient brûlé, dont l’état sanguin restait normal et sans perturbation, poursuit la technicienne. Nous étions en train travailler à notre rythme, discutant entre nous en toute insouciance, quand le chef de service a réuni l’équipe pour nous informer qu’un nombre important de patients arrivait aux urgences suite à une explosion de gaz dans le centre-ville. » Chacun a pris alors le poste auquel il est affecté pour réceptionner et traiter les prises de sang des victimes brûlées.

Du haut du 5ème étage du bâtiment hospitalier, la partie des analyses médicales, la vision est saisissante. « Nous apercevons, au loin, un nuage de fumée qui surplombe l’église, du feu d’incendie se dégage derrière l’immeuble qui abrite le Monoprix, des camions de pompiers et le Samu se croisent en chemin, entre le lieu du désastre et l’hôpital. » Les sirènes des secours hurlent. Les hélicoptères transportant les grands brûlés se posent dans la cour de récréation d’une école située à proximité de l’hôpital, prêts à redécoller en direction des hôpitaux parisiens Cochin et Saint-Antoine et à l’hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine), spécialisés dans ce genre de blessures.

A 16h30, une quinzaine de bilans sanguins est réalisée. En regardant le fichier informatique des patients, les médecins remarquent la présence majeure de victimes femmes d’une moyenne d’âge de 45 ans. Entre-temps, l’une des laborantines descend jeter un coup d’œil au rez-de-chaussée: « C’était l’horreur ! J’ai vu des visages calcinés, défigurés. Le hall était plein. Les gens qui accompagnaient les victimes devaient rester attendre dehors et dans le préau », précise notre interlocutrice. Mais il n’y avait aucun mouvement de panique. La grande masse des blessés arrive vers 17h30 à Jean Verdier. Les camions de pompiers se succèdent devant l’entrée des urgences. La soirée sera chargée.

Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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