Au premier étage du vieux hangar occupé par l’association En gare de Montreuil, la salle est plongée dans la pénombre. Quatre jeunes femmes s’attellent autour d’une table ronde. Toutes membres de l’association, elles préparent leur réunion hebdomadaire.

Malgré un jugement prononçant leur expulsion de ces locaux le 13 décembre dernier, Atsa, responsable de projet, reste positive. « On sera certainement expulsés, mais on sait que, quoi qu’il arrive, nos actions vont perdurer », assure-t-elle.

À ses côtés, Nedjma, 22 ans, recrutée en service civique, abonde : « Malgré cette décision de justice, nous voulons visibiliser notre situation et les efforts mis dans ce lieu. » L’association a fait appel de la décision, mais nourrit peu d’espoir quant à l’issue finale. À l’origine, ce hangar était un garage automobile, les enfants du propriétaire souhaitent aujourd’hui récupérer leur bien pour le revendre.

Le hangar : lieu de rencontres et d’actions

Dans un premier temps investi par des jeunes du quartier de la Noue, le hangar a vu se former une équipe composée d’habitants et de travailleurs et travailleuses sociales.  Aujourd’hui, l’association En gare de Montreuil lutte contre toutes formes d’exclusions sociales et de discriminations. Au quotidien, elle développe des activités autour du sport, de l’art ou de l’écologie aux côtés des habitants du quartier.

L’association compte un large panel d’activités comme l’organisation de maraudes ou de cours de français. Et ce hangar fait office de lieu de rencontre et d’échanges.

Atsa, Marion et Nedjma sont justement en train de planifier les actions de la semaine. Dans un coin du hangar, quelques jeunes de l’association sont assis sur de vieux fauteuils.

On s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser 600 mètres carrés inutilisés 

Atsa nous fait visiter l’espace. Au rez -de-chaussée, un froid pénétrant nous saisit. Il y a un bureau, une cuisine et une petite salle où sont entreposés des vêtements, des couvertures… « On a décidé d’investir le lieu, il y a deux ans pour rassembler les gens, explique Atsa. On s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser 600 mètres carrés inutilisés. »

Contrairement à d’autres endroits de Montreuil, le quartier du Bas Montreuil reste très populaire et ses habitants connaissent souvent des conditions de vie précaires. Au quotidien, l’association organise des maraudes et prend en charge l’hébergement d’urgence quand elle le peut.

Une association devenue indispensable à Montreuil

Malgré l’occupation non conforme de ce hangar, les pouvoirs publics sont conscients du rôle essentiel du hangar, assure Atsa. « Même s’ils ne peuvent pas nous soutenir parce que ce n’est pas un projet légal. »

Marion, la secrétaire générale de l’association, renchérit : « On a de grosses associations qui orientent des jeunes vers nous. Ça se fait un peu en sous-marin. On squatte, mais on leur sert quand même. » Leur position les contraint à être très strict concernant l’organisation. Il ne faut pas faire de vagues.

À travers leurs projets et activités, le hangar contribue à la cohésion sociale. En effet, les membres s’efforcent de faire se rencontrer les gens des quartiers populaires et ceux issus de quartiers plus aisés. Pour l’association, il s’agit de lutter contre la gentrification. Un phénomène qui touche Montreuil depuis une dizaine d’années.

Une journée de mobilisation pour soutenir l’association

La trêve hivernale s’annonce comme un répit pour le collectif, personne ne pourra être expulsé lors de cette période. En revanche, Marion se montre plus inquiète pour la suite. « On héberge des personnes ici, donc il faut vraiment trouver un lieu pour les accueillir. » L’équipe cherche activement de nouveaux locaux pour poursuivre ses activités.

L’association organise une journée de soutien le 4 février, avec tous les autres collectifs qu’ils ont côtoyés depuis deux ans. La réponse sur l’issue de la procédure judiciaire sera connue prochainement.

Hervé Hinopay

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