« J’ose laisser mon vélo ici? », demande-je à l’épicière. « A vélo, à Blanqui, on dépasse les taxis… », répond en chantant l’épicier, avec une bonne haleine de pastis. Elle éclate de rire. « Des gosses ont essayé de nous voler un sac de patate ce matin, alors on sait jamais… Mais en réalité, ici, c’est pas si dangereux. On dit que le quartier de Blanqui, ça craint. C’est pas vrai. Bon, il y a les drogues, mais il n’y a eu que trois ou quatre voitures qui ont brûlé. Rien d’autre ». L’épicier veut tout de même ajouter quelque chose. « En juillet dernier, à sept heures du matin, on m’a agressé. J’avais que le fond de caisse, pas plus de 40 euros. Ils m’ont cassé toutes les dents avec le canon de leur flingue et ouvert le crâne avec une barre de fer. » Il me montre la cicatrice sans perdre sa bonne humeur. « Seriez-vous d’accord d’en parler? » Il me répond qu’il est à trois ans de la retraite et qu’il veut finir « tranquille ». Je comprends. Alors bonne soirée et à demain!

 

Par Blaise Hofmann

Blaise Hofmann

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