Numéro 5 – Le dégât des eaux

 Vivre dans une tour, c’est l’assurance de voir régulièrement ses murs se cloquer, des tâches grises apparaître au plafond, le papier se décoller… 
 

La compagnie d’assurance de Madame S., justement, refuse désormais de prendre en charge son logement : 10 sinistres en 10 ans, même non responsables, ça suffit ! Il est vrai que sa voisine du dessus, relativement âgée, refuse d’installer un rideau de douche. Et son écoulement de machine à laver se fait encore dans le lavabo. Viennent s’ajouter les nombreuses infiltrations liées à la rapidité de ces constructions dites de « transit », par exemple autour des balcons bétonnés. Lesdits balcons étant réservés aux aventuriers, compte tenu des objets volants bien identifiés, mégots allumés, couches sales, boîtes de conserve ouvertes…

 
Numéro 4 – Le rat

Gris, noir, marron… C’est la lutte sans merci des chats adultes qui tuent les rats, qui mangent les chatons qui… On devine la présence des rats lorsque les petits espaces de pelouse qui entourent les tours d’habitation ressemblent à un champ de mine parce que parsemé de trous d’un diamètre de 10 à 50 centimètres.

Le saviez-vous ? Les rats sont capables de percer le béton des escaliers… d’où le risque de tomber nez à nez avec un spécimen même dans les étages supérieurs. Ils préfèrent au poison le pain jeté des fenêtres pour nourrir les « petits oiseaux » (qui d’ailleurs sont souvent des pigeons…). Ils apprécient aussi tout particulièrement les efforts des paysagistes qui tentent de couvrir de verdure le béton de nos villes. A nous, habitants, de choisir entre deux maux, la grisaille du béton ou la prolifération des rats…

Numéro 3 – L’ascenseur

Plus habituels et plus spectaculaires, les soucis liés aux ascenseurs. Des ascenseurs qui tombent en panne dans des tours atteignant 18 étages voire 26 pour les plus courageux. On se rappelle de l’histoire de Mme Y. (http://yahoo.bondyblog.fr/news/une-histoire-parmi-tant-d-autres).On peut aussi évoquer le cas de l’aînée de la famille P., handicapée moteur, qui ne va pas à l’école lorsque l’ascenseur est en panne, soit plusieurs fois par semaine, puisqu’elle ne peut descendre les 9 étages qui la séparent du bus aménagé. On peut aussi parler de ces ascenseurs aux cabines si petites qu’un fauteuil roulant ou une poussette ne rentre pas dedans.

Moins tragique mais très déprimante à l’heure du petit déjeuner, l’odeur d’urine qui s’accroche aux ascenseurs. D’ailleurs, extrêmement corrosive, l’urine provoque une dégradation ultra rapide des cabines, ce qui peut expliquer les fréquentes pannes. Une autre explication ? On a vu des personnes monter dans les ascenseurs avec leur scooter : le laisser dehors ? Beaucoup trop risqué…

Autre explication possible : petit cas d’école . L’usage des ascenseurs est strictement réservé aux personnes, ces petites choses étant fragiles. Vous venez d’être attributaire d’un logement au 14e étage.

Pour votre emménagement :

a) vous montez l’ensemble de vos biens par les escaliers,

b) vous utilisez l’ascenseur pour monter une partie des cartons malgré l’interdiction affichée dans la cabine, au risque donc de le dégrader.

Numéro 2 – Le bruit

Ça pourrait être n’importe où, mais c’est en Seine-Saint-Denis, là où la police répond invariablement aux appels téléphoniques nocturnes : « désolés, nous n’avons pas de voiture disponible ». Ce qui doit la plupart du temps être vrai. Les petites motos, les sirènes, les descentes de police, la télé, les cris, les coups, la musique, les coups de marteaux, la voisine un peu folle qui ne supporte plus rien, les talons aiguilles, les disputes, les travailleurs de nuit, les jeux d’enfants, les beuveries, les bagarres des SDF venus squatter votre pallier pour lutter contre le froid.

 

La banlieue est aussi le règne de la surpopulation en raison de la crise du logement. La logique de solidarité familiale joue à plein, on s’héberge entre cousins, les grands-parents restent dans le logement pour garder les petits ; les enfants, même s’ils travaillent, même s’ils se marient, ne réussissent pas quitter le logement des parents du fait des prix de l’immobilier. Alors évidemment, un immeuble prévu pour 100 habité par 300 fuit, transpire, se craquelle et fait du bruit…

Numéro 1 – Le cafard

Incontestablement vainqueur, selon moi, le cafard. Du plus chic, en grand modèle (entre 20 et 30 centimètres de long), en provenance de contrées exotiques, au modèle commun (entre 1 et 5 centimètres de long). Ce diabolique animal a été conçu pour mettre à l’épreuve les plus patients d’entre nous. Il est formellement déconseillé de les écraser : si c’est une femelle, les œufs restent actifs et continuent leur croissance. Et ils s’accrochent à vos chaussures se disséminant partout sur votre passage. Je résiste à la tentation de raconter l’histoire de cette blatte retrouvée dans l’oreille d’un jeune garçon, ou de ce logement grouillant de cafards qui s’échappent par les gaines d’aération… ça pourrait être votre voisin…

 Pourquoi la première position pour un si petit animal ? Les habitants des grands ensembles, s’ils se plaignent de l’environnement terne, dangereux ou moche, se raccrochent invariablement au fait que chez eux, ils sont bien. Les cafards sont là pour leur rappeler que le répit n’est pas pour cette vie là.

 Ariane

Ariane

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