François Hollande appelait mercredi tous les Français « à pavoiser » leur domicile du drapeau tricolore. Si certains n’ont pas pu, ou pas voulu, de nombreux Français ont joué le jeu. Dans le métro le sujet fuse : « Alors, tu l’as fait, toi, le truc des drapeaux ? »
Et dans les rues, le regard est partout attiré. Il semblerait que cette nuit, chacun a fait ce qu’il pouvait pour dire qu’il y était, de la partie. Les plus sérieux ont investi et se sont offert le drapeau classique, en 90×150 dont les stocks avaient été réapprovisionnés.
Et pour les plus occupés, les idées n’ont pas manqué. Avec une feuille A4 et deux feutres, le tour était joué. Et comme c’est l’intention qui compte, et que ce rendez-vous est une histoire de symboles, des serviettes de toilette minutieusement pliées et alignées dans l’ordre ont été pendues aux balcons. Ça fait aussi très bien l’affaire.
Les rétroviseurs des bus affichent eux aussi leur soutien, comme pendant une coupe du monde… Paris reprend des couleurs.
« L’appel aux drapeaux » lancé par François Hollande mercredi dernier semble avoir été entendu. Paris partage aujourd’hui une journée d’hommage national, en souvenir des 130 victimes du vendredi 13 novembre, mortes sous des balles en délire.
Paris est tout de même plus joli, quand il est uni.
Mais le rendez-vous, se heurte rapidement à ses limites : il y a ceux qui y voient une « récupération politique » et qui condamne « l’appel patriote ».
Et il y a un père, d’une des victimes du Bataclan, qui publiait ce matin dans le HuffingtonPost une tribune dans laquelle il annonçait qu’il n’irait pas à l’hommage aux victimes ce matin aux Invalides. « Parce que je considère que l’État et ses derniers dirigeants en date portent une lourde responsabilité dans ce qui s’est passé » écrivait-il.
Alice Babin
Paris reprend des couleurs
Articles liés
-
Départ de Français musulmans : « C’est un choix contraint par le contexte politique et l’atmosphère médiatique »
Pour la sortie de son enquête sociologique “La France, tu l’aimes, mais tu la quittes”, (co-écrite avec Olivier Esteves et Alice Picard, aux éditions du Seuil), le chercheur en sciences politiques Julien Talpin détaille les raisons du départ de milliers de Français musulmans vers l’étranger. Interview.
-
L’engagement écologique, une affaire de jeunes
L’association Makesense s’est penchée sur la manière dont les jeunes français âgés de 18 à 30 ans s’engagent pour l’environnement. Milieu social, inégalités territoriales et sociales, actions individuelles plutôt que collectives… Ces différents facteurs montrent que les jeunes n'ont pas les mêmes cartes en mains en ce qui concerne leur engagement écologique.
-
Seine-Saint-Denis : « L’école est perçue, et à juste titre, comme étant peu hospitalière aux élèves de milieux populaires »
La mobilisation en faveur d’un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis dure depuis presque deux mois. Pour Jean-Yves Rochex, spécialiste de l’éducation prioritaire, la situation résulte d’une dégradation continue et d’une absence de prise en compte de la spécificité du territoire dans les politiques publiques.