Une voiture calcinée – la seule que j’aie vu en trois jours de va et viens en bicyclette! – repose Rue Noémie, à deux pas du commissariat de Bondy.
 

Le premier passant ne l’avait pas vue. Le second sait que cela s’est passé de la nuit du dimanche 27 au lundi 28, mais ignore tout le reste. Le troisième me dit que c’est la seule ici, mais qu’elles sont légion à Bondy Nord (ndlr: c’est faux!). La quatrième ne comprend pas pourquoi le commissariat ne l’a pas immédiatement déplacée pour ne pas encourager à la récidive. Le cinquième m’apprend qu’il s’agissait d’une voiture volée un mois auparavant. Le sixième est un adolescent qui accuse directement les « petits casseurs de l’immeuble du bout de la rue ». Les septièmes disent que le propriétaire ne l’a pas évacuée, parce que cela coûte trop cher. Le dernier mot revient à Mohammed qui vient juste de me rendre une petite visite: « C’est sûr, c’est un coup d’assurance ».
 

Cela me rappelle « les cinq causes des émeutes », selon Samir, un jeune de Paris qui a sa famille ici: Les jeunes n’ont rien à perdre. Les jeunes sont révoltés. Les jeunes sont victimes d’injustice. Les jeunes sont solidaires du « meurtre de Clichy ». Les vieux ont foutu le feu à leur vielle Citroën pour toucher l’assurance.

Qu’importe. Il y a autant de versions qu’il y a de passants. Ne jetons plus d’huile sur le feu.

Par Blaise Hofmann

Blaise Hofmann

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